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                       ET DANS LE TEMPS.                          's85

l'existence, tend-il à se compléter, c'est-à-dire à redevenir ab-
solu,infini, par lemouvementpropre et irrésistible desa nature
essentielle. La religion, au reste, n'est instituéeque pour cul-
tiver et diriger ce mouvement.
   Nous sentons bien que pour l'être absolu, le sentiment de
l'asséilé est à sa place, c'est le sentiment véritable de sa posi-
tion, c'est sa manière d'être indispensable; si l'on peut parler
ainsi, l'asséité n'est pour l'être absolu que l'instinct de sa
conservation. Car à qui imporle-t-il de savoir qu'il n'existe
que par lui-même, sinon à celui qui n'a en aucun autre les
conditions de son existence? S'il élait possible à Dieu de l'ou-
blier, il cesserait donc de subsister, puisque personne autre
ne concourt à son existence !
   Mais pour l'être relatif, qui ne vit que par sa dépendance
de l'être absolu; pour celui qui n'est créé que parce qu'un
autre le crée, qui n'existe que parce qu'un être étranger le fait
exister, en un mot, qui ne puise point en lui ses conditions
d'existence, à quoi s'exposerait-il si, par malheur, le senti-
ment de l'indépendance venait à se réveiller en lui? Ah ! qu'ar-
riverait-il, si dans l'êire créé s'éveillait, mal à propos, Tins-
lincl de l'être incréô ; si l'être qui n'existe que par l'être infini,
se mettait a croire qu'il existe par lui-même, et que, consé-
quemment, il se sépara de celui par lequel il existe?
   Nous comprendrons plus loin comment cet acte se traduirait,
dans les faits, sur la terre; nous n'en constatons, pour le
moment, que l'origine ontologique.
   El, d'abord, ce mouvement de l'être créé à l'indépendance,
ou à l'asséilé, ne fut-il pas en effet appelle par les Latins
auper-bia : nom qu'ils tirèrent de deux mots grecs, v#ep
(au-dessus) et Ceotr (vie)? \)7tsp6ioa ou superbia signifie
donc une vie au-dessus des autres vies? El dans notre langue,
par une aussi merveilleuse profondeur d'élymologie, ce senti-
ment ne porle-f-il pas le nom de suffisance, c'est-à-dire état