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4G6                DU BIEN DANS L'ABSOLU

même ! Car comment faire le bien , ajoutait-il, et vivre heu-
reux sans réduire en servitude celle puissance de l'ame où
réside le mal, et sans remettre en liberté celle qui est le
séjour et l'organe de la vertu? »
   Pourquoi cette pensée du poète latin : Video meliora, pro-
boqae , détériora Sequor est-elle devenue proverbiale? El
pourquoi Cicéron s'écriait-il : « L'esprit divin qui est en nous
n'est-il pas comme étouffé par le penchant que noire nature
nous a donné pour tous les vices ; » ce qui lui faisait ajouter :
 « que nous étions probablement dans ce monde pour expier
quelque crime commis dans un autre. »
   Pourquoi le plus profond des métaphysiciens , celui-là seul
qui en savait l'énigme, a-t-il dit : « Je sais que le bien n'ha-
bile point en moi; car à la vérité j'ai la volonté de faire le
bien, mais je ne trouve point en moi le moyen d'exéculer ce
désir, et de là il arrive que je ne fais pas le bien que je veux,
et que je fais au contraire le mal que je ne veux pas. Je sens
dans les membres de mon corps, une puissance qui combat
contre la loi de mon esprit; malheureux homme que je suis,
qui me délivrera de ce corps de mort? »
   Et saint Paul n'est pas le premier qui se soit plaint de
vivre ainsi avec la mort. Un penseur plus ancien, mais qui
n'en savait pas l'énigme, comme lui, le grand philosophe
de l'antiquité, Aristote , en observant toutes les facultés et
la situation de l'esprit de l'homme, disait : « Qu'elle lui rap-
pelait toujours l'épouvantable supplice d'un malheureux lié à
un cadavre et condamné à pourir avec lui! » sommes-nous
réellement condamnés à pourir avec le cadavre!
   Un philosophe de temps plus moderne, donl les anxiétés
étaient plus sérieuses que celles de l'orateur et du philosophe
anciens, Rousseau s'écriait : « Je découvre en moi deux prin-
cipes, dont l'un m'élève à Vamour de la justice et du beau
moral, et dont l'autre me ramène bassement en moi-même,