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SUR LE R. P. LACORDAIRE. 267 séparé de la religion par des idées philosophiques, qu'entrete- naient de mauvaises lectures. El cependant son intelligence ardente et élevée ne cessait d'être tourmentée par le doute : le doute, cet ébranlement intime donné par la grâce à un esprit jusque-là confiant dans son incrédulité, pour l'éclairer peu à peu des lumières de la foi. Quelques-uns de ses.compagnons d'étude de cette époque se souviennent, encore d'un petit écrit qu'il composa sur le néant, et qu'il voulut bien leur communiquer. S'il faut les en croire, jamais on ne donna une expression plus poignante à ces angoisses de l'a me qui se débat entre l'incrédulité et la foi. Dans ces sombres épanchenients d'une ame désespérée, il y avait quelque chose de Pascal et d e l o r d B y r o n . Heureu- sement, ce combat intérieur ne dura pas de longues années, et c'est à l'ange de lumière que resta la victoire. Depuis saint Augustin, quelques chrétiens, à l'exemple de ce grand homme, ont écrit l'histoire de leurs égarements et de leur conversion. Henri Lacordaire ne se sentit pas appelé à faire de même. La grâce a pour chacun des voies différen- tes. L'un a cette pudeur de l'a me qui craint le bruit et l'éclat : il se plaît à garder une complète réserve au sujet de ces voies mystérieuses par lesquelles Dieu a voulu éclairer son esprit et guérir son cœur. L'autre croit devoir montrer le chemin où il a passé, afin d'édifier ceux qui sont égarés et de les en- gager a i e suivre. Cependant, depuis qu'un philosophe du der- nier siècle a fait aussi ses Confessions, un préjugé défavorable de la part des chrétiens semble s'attacher désormais à ce genre d'écrit. Quoi qu'il en soit, le silence du P. Lacordaire au sujet des causes de sa conversion nous réduit à des conjectures sur ce point. Il paraît q u e , dans cette capitale, où il y a tant de place pour le bien comme pour le mal, il trouva à se lier avec des jeunes gens pieux et instruits, qui lui frayèrent le chemin du retour à la vérité. Les prières d'une mère pieuse y eurent sans cloute ausssi une grande part. Ce souvenir de sa mère est