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224 DE L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE de la spéculation, il a réussi au moins à devenir le précurseur de cette époque nouvelle. Du reste, Schelling n'est pas seul à défendre son point de vue à Berlin. Quoiqu'il n'ait jamais réussi, il s'en faut de beaucoup, à ,former une école aussi considérable et aussi com- pacte que celle de Hegel, et quoique dans les derniers temps, par suite de l'obstination qu'il met à ne rien publier, il se soit presqu'ôté à lui-même la faculté de s'attacher de nouveaux élèves, il compte à l'Université même de Berlin depuis de longues années un défenseur chaleureux dans la personne de l'un des professeurs les plus distingués de la capitale. Nous ne dirons rien jles charmantes nouvelles dans les- quelles la plume gracieuse de Steffens a décrit avec un talent ravissant les sévères paysages de la Norvège, sa patrie. Les études scientifiques de ce philosophe portèrent d'abord sur la géologie et la physique. Plus tard l'anthropologie et la philo- sophie religieuse l'occupèrent de préférence, et furent traitées par lui dans deux ouvrages qui sont du plus haut intérêt. Dans quelques publications d'une moindre étendue il s'est ef- forcé de défendre le plus stricte luthérianisme. Comme pen- seur il s'est plu à se proclamer disciple de Schelling. Mais jamais il n'a réussi à enfermer ni la portée de ses idées philo- sophiques, ni celle de ses idées religieuses dans les limites étroites d'un système. Steffens aime à donner à toutes ses investigations, soit psychologiques, soit physiques, soit spé- culatives, une teinte religieuse et une certaine couleur mysti- que. Aimant à vivre dans la nature afin de pouvoir mieux la comprendre, il vous surprend par des problèmes qu'il se pose relativement aux énigmes de l'existence, tout autant que parla grâce avec laquelle il les résoud d'ordinaire en poète. Ce n'est pas par la clarté, mais par la vivacité, par le colorisme, par le mysticisme de sa pensée qu'il se dislingue. Le pas me- suré d'une déduction logique lui est inconnu. Les conceptions