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EN "ALLEMAGNE. 223 quelle l'univers est soumis aveuglément. Sous ce rapport en- core l'auteur du système quia reçu le nom de « système de la liberté », a eu des réels mérites. Non que nous puissions a p - prouver Schelling quand, fondant toute la philosophie sur la pensée libre et sur la volonté, il semble vouloir suppléer au manque de preuves par un appel à l'arbitraire, et suivre la maxime absurde : « Statpro ratione voluntas ». Nous nous bornons à reconnaître qu'il a été utile de faire de nos jours ce qu'a fait Schelling en rappelant aux philosophes spécula- tifs la certitude de la liberté ! Les hégéliens de Berlin, Michelet en particulier, dans son résumé de l'histoire de la philosophie allemande au XIX e siè- cle, ont donc beau soutenir que Schelling, bien loin de dépas- ser Hegel, comme il a promis de le faire, ne l'a pas même atteint. Inférieur à Hegel en ce sens qu'il n'a pas de méthode précise, Schelling lui est de beaucoup supérieur par la plus grande richesse d'idées vraies qui sont éparses dans son sys- tème. C'est en vain que Michelet, rendant au philosophe venu de Munich le mépris que celui-ci a montré pour Hégeî, s'efforce d'ôter tout crédit à la philosophie positive, en la trai- tant, elle ainsi que son auteur, avec le dernier dédain. Plusieurs des reproches qu'il fait à Schelling peuvent être fon- dés. En particulier en ce qui concerne le silence obstiné de l'illustre professeur, Michelet n'a pas tort de demander à son adversaire silespensées ontl'habitudede faire une quarantaine de quarante ans^dans le cerveau des philosophes, et de lui rappeler que les grandes idées possèdent celui qu'elles inspi- rent, mais ne se laissent pas enfermer à volonté.Il n'en est pas moins vrai que Schelling a fait faire un pas à la philosophie du XIXe siècle ; qu'aidant à détruire l'omnipotence hégélienne il a remis en cours des idées qui feront partie du système dé- finitif de la philosophie, et que, dépassant Hegel dans l'es- poir de devenir le Messie d'une idée future et plus parfaite