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                    LE P. LACORDAIRE A LYON.                         191
jourd'hui de dix-huit siècles? La popularité, la nationalité, la forcf»
des armes, la force du génie, de la science, des richesses, seuls
éléments de succès en ce monde, il a tout dédaigné. Preuve donc
de la vérité de ce qu'il annonçait ; car il n'y a que la vérité qui
trouve en elle le secret de tenir en dépit de toutes ces choses qui
confèrent la puissance. Il serait difficile de dire combien le P. La.
cordaire, dans le développement de ces divers points, a été neuf,
simple, beau et accessible à toute intelligence un peu cultivée.
    Nous ne pouvons le suivre dans les divisions de son discours,
car il faudrait rappeler une grande partie, de cette première Confé-
rence. L'orateur a été sobre de développements, quoiqu'il fût aisé,
trop aisé même de les multiplier, et c'est en quoi s'est manifestée
la sagesse de son esprit, la réserve de son bon goût.
    Ce qui manque de popularité au Christianisme, du moins auprès
des hommes d'état, des hommes de génie et de l'élite des écrivains,
le P. Lacordaire l'avait déjà touché dans une conférence imprimée,
et cette affligeante singularité qui ne se retrouve qu'en face de la
vérité evangélique, a été présentée comme une des plus excellentes
preuves de la vérité du christianisme. Sa popularité ! dès le berceau,
elle lui manqua, et ne lui vint jamais entièrement.
    A l'époque de Tertullien, au III e siècle, si le Tibre débordait, s'il
tonnait trop fort, si la famine désolait quelque coin de l'empire,
s'il se produisait quelque grande calamité : Ce sont les chrétiens
disait-on; toujours les chrétiens qui en sont cause. Aujourd'hui, le
manque de popularité reste et diit rester au christianisme. On lui
reproche de n'être pas national, et il est humanitaire, dit l'ora-
teur, car il est aussi grand que le monde ; mais parce qu'il s'an-
nonce comme humanitaire, on lui dira : Vous n'êtes pas national !
La puissance, la force, la science, ne dit-on pas assez qu'elles lui
font défaut ? Eh bien ! c'est donc saDs force, ni puissance, ni science,
qu'il a vaincu le monde?
   Or, c'est là l'étrange phénomène que le P. Lacordaire a inter-
rogé, discuté heureusement, habilement, de façon à montrer aux
plus aveugles, aux plus obstinés qu'il y a dans l'œuvre de J.-C.
la vérité même, et que la vérité seule peut résister au milieu des
épreuves réservées au christianisme.