page suivante »
EXCURSION DANS LE MIDI. 151
Il répondit au grand roi par le petit quatrain suivant :
Eh ! qu'est-ce donc pour toi, grand monarque des Gaules,
Qu'un peu de sable et de gravier?
Que faire de mon île? Il n'y croit que des saules,
Et lu n'aimes que le laurier.
Ces vers eurent un succès complet auprès de Louis XIV,
qui aimait bien autant les louanges que les lauriers.
Les voyageurs, moins pressés que moi de se rendre à Mar-
seille feront bien de visiter ces vieux manoirs historiques,
et les petites villes d'Orange, de Saint-Rémy, de Vaison,
deVenasque, où les souvenirs deHome antique se mêlentaux
vestiges de la féodalité.
Le vendredi 27 septembre, nous prîmes congé de notre hô-
tesse., Madame Pierron, remplie de prévenances et de délica-
tes attentions pour les voyageurs. Aussi recommanderons-nous
à nos lecteurs l'hôtel de l'Europe ; ils y trouveront le com-
fort et cette politesse aimable qui en double le prix. —Non
pas sur la carte, entendons-nous ! La maison est facile à re-
connaître : un chien de la Camargue, de la plus magnifique
encolure pose majestueusement à l'entrée de la cour d'hon-
neur à peu près comme un sphinx à l'entrée d'un monument
égyptien. C'est là une enseigne qui ne ressemble pas à toutes
les autres.
M. de Jouy, dans son Ermite en province, dit que c'est une
dame Pierron, tenant l'hôtel de l'Europe, que l'on a mise
en scène, sous le nom de madame Legras, dans la comédie
du Sourd ou l'Auberge pleine. Il ne nous a pas été permis
de vérifier ce point historique qui prouverait, avant toutes
choses, l'ancienne renommée de l'hôtel de l'Europe et de ses
maîtres.
En Provence, pendant la saison d'été, les voitures publi-
ques ne marchent que de nuit. Nous partîmes donc pour
Marseille à six heures du soir, dans une bonne diligence,
occupant le coupé à trois places. Après l'impériale, ce trône