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150 EXCURSION DANS LE MIDI. main (1) et son arc de triomphe; le château des Issarts, sei- gneurie desForbin; Barbantane, ce gracieux fleuron que le roi René détacha de sa couronne pour remettre aux mains d'un ami fidèle, Pierre de Robin, l'un des illustres ancêtres des marquis de Barbantane. Un j o u r , il prit fantaisie au roi Louis X1Y d'ajouter ce joyau à son magnifique écrin de Versailles, de Saint-Germain, de Marly, de Fontainebleau, de Compjègne. Condé, le héros de Rocroy, fut envoyé en mission extraor- dinaire auprès du seigneur de Barbantane pour en faire la demande, au nom de son royal maître. Le marquis se tira de ce pas difficile en habile courtisan. (1) M. Mérimée, parlant de ce monument, s'exprime ainsi : « Je suis allé aujourd'hui à Villeneuve visiter le tombeau gothique d'Inno- cent VI. La chartreuse où il était enfermé a été vendue par parties, à l'épo- que de la Révolution, et le tombeau, compris dans un des lots, se voit au- jourd'hui dans une masure appartenant à un pauvre vigneron. Des tonneaux, des troncs d'olivier, des échelles énormes sont entassés dans le petit réduit mise trouve le mausolée. Je ne comprends pas commeut eu déplaçant toutes ces choses, on n'a pas déjà mis en pièces ces clochetons si fragiles, ces colon- nettes et ces feuillages si légers el si élégants. Rien de plus svelte, de plus gracieux, de plus riche que ce dais de pierre. Autrefois un grand nombre de slatues d'albâtre ornaient le soubassement; elles ont été vendues une à une; de plus, le propriétaire de la masure a défoncé ce soubassement pour s'en faire une armoire. La statue du pape, en marbre, a été fort mutilée; enfin il n'est sorte d'outrages qu'on n'ait fait subir à ce magnifique monument. Dégradé comme il est, il offre encore un des plus beaux exemples de l'ornementation gothique au XtV siècle. Après quarante années d'oubli profond, les habitants de Villeneuve se sont avisés tout d'un coup qu'ils possédaient une espèce de trésor; mais il a fallu pour le leur révéler que leurs voisins d'Avignon ayent essayé de le leur en- lever. La négligence et la barbarie des premiers méritaient bien d'être punies, et je regrclte que le musée d'Avignon n'ait pu obtenir l'autorisation de le faire transporter dans une du ses salles, ou mieux encore dans la chapelle de Jean XXII à Notre-Dame-des Doms. Au reste, et l'important, c'est qu'il s'est conservé : des mesures viennent d'être prises pour qu'il soit transféré dans l'église de l'hôpital de Villeneuve.