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124 DE L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE partie de la gauche hégélienne, c'est enseigner que la pensée religieuse change non seulement de forme mais encore de contenu en s'élevant des régions inférieures du sentiment dans le pur éther de la spéculation logique ; c'est affectionner ie principe hégélien que ce qui est rationnel est réel, de préfé- rence au principe contraire; c'est rejeter pleinement la doc- trine de la transcendance de Dieu, et n'admettre que la seule immanence de l'esprit absolu dans la série infinie des phé- nomènes. Quoique MICHELET de Berlin, l'un des éditeurs des ouvrages de Hegel, aime à se compter lui-même parmi les hégéliens du centre gauche, ses principes nous forcent à le placer dans le parti que nous venons de caractériser. Connu en France par son Examen de la métaphysique d'Aristote, ouvrage cou- ronné par l'Académie des Sciences morales et politiques, Michelet est plus connu en Allemagne, et à Berlin surtout, par la ferveur avec laquelle il prêche l'évangile du panthéisme. Après avoir préludé par différents travaux sur l'éthique du philosophe de Stagire, et par un traité de morale philoso- phique, il s'est fait le hardi champion de la doctrine pan- théiste en construisant, du point de vue de la gauche hégé- lienne, un système d'anthropologie et de psychologie, et en attaquant explicitement la doctrine ordinaire de la personna- lité de Dieu et de l'immortalité de l'ame dans un livre qui traite ex professo ce sujet. C'est dans ce dernier ouvrage sur- tout qu'il ne laisse aucun doute sur sa pensée véritable. 11 y enseigne que les deux dogmes en question ne sont que des formes de la grande idée de la personnalité éternelle de l'es- prit. Dieu, dit-il, c'est l'idée qui se réalise sans cesse, c'est l'universalité qui se manifeste dans la série infinie des person- nalités finies; l'homme n'est immortel qu'en tant qu'au milieu de ce monde borné il s'élève à l'universel et à l'idée. La même doctrine est défendue, contrairement à foules les