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                               mBLIOGKAPHIE.                                   97
 quelle il releva assez longtemps. M. Chambeyron, après avoir interrogé les
chartes, a demandé aux terriers d'autres données qui ont bien aussi leur va-
leur et qui lui permettent de ne pas trop perdre de vue l'objet de ses Re-
cherches. S'appuyant sur des chiffres exacts, puisqu'ils sont pris dans les re-
gistres de la cure, l'auteur établit que, vers la fin du XVI e siècle, Rive-de-
Gier, qui est aujourd'hui une ville de i5,ooo âmes, comptait alors 16 à
 1700 habitants. Au XVIII e siècle, cette ville s'était singulièrement accrue,
mais rien n'a contribué à augmenter sa population et l'activité de son indus-
trie comme l'immense développement de nos usines modernes, et l'exploita-
tion des mines houillères. Il est manifeste que Rive-de-Gier a vu arriver, à
la suite de sa fortune industrielle, la dégradation morale et les vices hon-
teux de la civilisation. Les détails et les motifs de ces tristes changements se
trouvent développés dans la préface de cette histoire. À côté du mal, M. Cham-
beyron n'a pas omis ce qu'il y a de bien, et il a loué avec empressement ce
qui mérite d'être loué.
     On voit par ce livre, et déjà dans la Revue, nous avons eu occasion de
 le constater, que depuis des temps reculés, les charbons de terre remplaçaient
  chez les Ripagériens le bois de chauffage, qu'il n'y avait guère de feu que
 par les mines de charbon. Nous ne pouvons suivre jusqu'à nos jours, pour
 d'autres données historiques assez curieuses, l'auteur de ces Recherches, mais
 ce nous serait un véritable regret de ne pas détacher du livre de M. Cham-
 beyron quelques lignes d'un récit de l'hiver de 1709. Voici comment un con-
 temporain de Louis XIV retraçait les douleurs de cette lamentable famine :
    « En l'année 1708, il faisoit assez bon vivre ; le bichet de froment valoit
 trente-six et quarante sols, le seigle vingt-huit à trente sols, et l'asnée de vin
 clairet, cinquante sols et un escu, la charge quatre livres ; puis, petit à petit
 le blé et le vin ont augmenté si fort que le bichet de seigle a valu douze li-
 vres, le froment quinze livres, la charge de vin trente-six à quarante livres.
En 1709, il a fait un hiver si terrible, si froid, que l'on prenoit les oiseaux
 à la porte de nos maisons, qui en même temps mouroient. De tous côtés, on
trouvait des yens et des1 biles mortes. Cet hiver tua généralement, par toute la
France, les vignes et les blés, tellement que l'on n'a recueilli ni blé, ni
 vin : mais seulement quelque peu de blé trémois que Dieu bénit si fort que
d'un bichet de sémaille, on en recueilloit vingt, C'étoit un coup du ciel dans
une saison sans miséricorde ! les pauvres gens étoient jours et nuits à nos
portes qui crioient, qui pleuroient pour avoir une pleine bouchée de pain et
ne la pouvoient pas avoir. /( fallait mourir de faim. Ah! la grande déser-
tion en ces temps malheureux ; faute d'un morceau de pain, que de peu-
ples il est mort! L'on mangeoitles chevaux et autres bêles mortes qui sen-
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