page suivante »
80 SOCIÉTÉ DKS AMIS-DES-ARTS. paysagiste !), nous a donné quelques tableaux dans lesquels on retrouve toute l'élégance de style, et la grâce auxquelles il nous a habitué ; ce qu'il y a de conventionnel dans sa manière est toujours marqué au coin d'un goût sévère, mais ses œuvres témoignent du désir qu'a ce peintre distingué de devenir de moins en moins coloriste; qu'il y prenne garde, les progrès du mal sont flagrants; aux Expositions précédentes, on a pu louer chez M. Flandrin quelques parties de ses paysages où perçait malgré lui l'organisation passionné de l'artiste ; dans les œuvres qu'il nous a envoyées ceite année, tout s'a- genouille au môme degré d'humilité ; rien d'inattendu, d'ac- cidenté; arbres, coteaux, terrains, tout est fait au même point ; tout est au repos, tout est endormi sous une lumière terne et crayeuse. Si la nature n'est pas universellement rose, comme Boucher la représentait trop souvent, elle n'est pas non plus universellement grise. A moins que les propriétés de l'œil ne changent, on trouvera toujours dans chaque objet proche ou lointain, grand ou petit, animé ou mort, en mou- vement ou en repos, sa couleur propre, sa nuance, sa dis- tinction, sa particularité, que l'air, la lumière, le mouvement modifient à l'infini. Dans la Vue des bords du Rhône, incontestablement le meil- leur, quoiqu'il soit à peine poussé à l'état demi vivant de l'es- quisse, il y a une grande vérité dans ces sables, à peine re ~ couverts d'un peu d'eau, mais on trouve le même faire sans plus de vigueur dans la représenlalion d'un terrain aride et caillouteux. Ces reproches d'autres les ont fait entendre avant nous à M. Flandrin, puissions-nous être les derniers à les lui adresser ! Il faut convenir que la nature, telle qne M. Diday nous la représente, échappe à toute comparaison; d'où il résulte pour nous quelque difficulté à mettre notre appréciation au niveau des éloges que nous lui entendons donner souvent.