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LES TRÉSORS DES ÉGLISES DE LYON 505 Lyon, n'écoutèrent, d'abord, que leur haine contre le catholicisme, et se ruèrent avec rage sur toutes les églises de Lyon, entre autres sur celles du cloître Saint-Jean1. Ce pillage dura douze jours ; le ministre Ruffi le présidait, armé d'un casque, d'une cuirasse, et le pistolet en main. En effet, le 12 mai, le comte de Sault, auquel les protestants avaient laissé d'abord le gouvernement de la ville, mandait au Roi : « L'on continue à faire la ruine et démolition au cloistre de l'église Saint-Jehan, après avoir mys par terre tous les hautels, ymaiges et figures et mys tous les ornements, reliquaires et calices en leur puissance, toutefois, par inventaire. » Mais plus tard, sans doute après les énergiques protestations de Calvin, in- digné de ces excès, la dévastation se fit avec une sorte d'ordre, systématiquement, avec la régularité d'une opération militaire. Les démolisseurs ne se hâtèrent point, ils prirent leur temps, ils tinrent registre de la spoliation des églises. La fureur de destruction des barbares avait été aveugle et soudaine; bien plus terrible, celle des protestants fut raisonnée, rien ne leur échappa. En effet, en ce qui concerne les trois églises du cloître de Saint-Jean, on ouvrit un registre de comptabilité, parfaitement tenu et qui nous reste encore, sur lequel on inscrivit soigneusement toutes les re- cettes opérées par suite de la vente des objets de toute nature deces églises, et toutes les dépenses faites pour leur dévastation et leurap- propriment à servir de temples. Ce registre, conservé aux archives du Rhône, est intitulé : « Compte de la recepte et despense que rend pardevant vous, Messieurs les gens et députez à l'audition des comptes, Claude de Rocheblanc, de ce qu'il a reçu des temples i « L'église primatiale de Saint-Jean-Baptiste de Lyon dont ou voit icy le frontis" pice est fort endommagé par ces impies lesquels, après avoir commis des excès in- croyables dans la ville et l'avoir pillée et saccagée, s'emparèrent des biens et reve- nus des églises et des monastères, brûlèrent toutes les reliques qu'ils purent trouver, brisèrent toutes les figures des saints dont le portail en face de cette illustre église de Saint-Jean-Baptiste étoit ornée; ils n'épargnèrent pas même les tombeaux qu'ils ouvrirent pour y chercher les trésors qu'il croyoient y avoir été cachés, ils se saisirent de tous les ornements et vases sacrés, et Dieu permit qu'un de ces impies, qui estoit monté au plus haut de l'église pour abattre la figure de Saint-Jean-Baptiste qui y estoit placée, tombât d'un lieu si élevé et mourût sur la place sans qu'un accident si funeste fût capable d'arrester la fureur des autres. « (De tristibus Francorum.)