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144 LA R E V U E LYONNAISE quelques principes de la philologie. Je ne dois pas oublier, en effet, que nous n'écrivons pas que pour les philologues de profession (nous courrions risque de n'avoir pas assez de lecteurs), mais que notre but principal est de faire connaître aux bons Lyonnais les lois qui régissent leur bon patois. On s'efforcera donc d'apporter à ce travail toute la clarté imaginable, et d'en écarter le plus possible les termes scientifiques et les propositions abstruses. Je crois qu'il y a moyen de tout dire de façon à se faire comprendre de tous. Je voudrais être compris, même d'un élève de l'école primaire. A tout le moins le serai-je, espérons-le, de tout Lyonnais en possession, de ces connaissances générales qui sont le patrimoine de celui qu'au dix-septième siècle, on appelait de ce beau nom d'honnête homme. Je supplie donc mes lecteurs de m'accorder tant soit peu de l'atten- tion que l'on accorde à des choses frivoles. Peut-être, après avoir lu ce travail, sauront-ils quelque chose de plus sur leur pays Et, après tout, je ne serai pas beaucoup plus ennuyeux qu'un article de la Revue des Deux-Mondes. •k Toute étude de ce genre comporte un plan bien fixé d'avance. Celui auquel je me suis arrêté est différent de celui qu'ont suivi jusqu'ici les doctes auteurs qui se sont occupés des patois. Je ne veux pas dire, certes, qu'il soit meilleur ! Ces savants sont d'ail- leurs cent fois plus qualifiés que votre très humble pour cette sorte d'études. Mais la philologie fait chaque jour quelque progrès ou adopte quelque changement, et il faut les suivre. Il en est un peu de cela comme des chapeaux dont la forme varie à chaque prin- temps. Pour le moment, on me dit que l'on va donner aux chapeaux la forme d'un tromblon. J'ai donc « tâché moyen » de donner à ma phonétique un peu la forme d'un tromblon, sans être bien sûr que, dans un an d'ici, de nouveaux progrès dans la science ne devraient pas m'engager à lui donner, au contraire, la forme d'un melon. J'ose du moins dire que le plan que j'ai suivi est clair comme la fontaine des Trois-Cornets, au prix peut-être de quelques répéti- tions. C'est, il me semble, l'essentiel.