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HISTOIRE DU SENTIMENT DE LA NATURE PROLÉGOMÈNES 1 Notre cher et grand poète, Victor de Laprade, vient de rompre le long silence dont se plaignaient ses admirateurs. Un nouveau volume, sorti des presses de notre excellent impri- meur, M. Pitrat, a paru, et c'est à nous qu'incombe la délicate mis- sion d'en rendre compte. Certes, les heures pendant lesquelles la voix aimée du chantre de Psyché avait cessé de se faire entendre n'ont point été perdues. Un travail fécond les a remplies, et main- tenant il nous est donné d'en goûter les fruits savoureux. Plus encore qu'au front de ses livres précédents, M. de Laprade pourrait écrire en tête de son œuvre nouvelle la fière devise : Odi profanum vulgus et arceo. Ce n'est pas pour la foule qu'il a écrit l'Histoire du sentiment de la nature. Son livre s'adresse à l'élite des penseurs. Les esprits médiocres ne le suivront pas dans les hautes et sereines régions où l'emporte son vol triomphant. Mais ceux que ne rebutent point les questions ardues de la métaphysique de l'art goûteront, à le lire, les su- prêmes jouissances de la pensée. Aux deux volumes que le poète avait déjà publiés sur le senti- 1 V. aux r.nnonces.