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                         FÉLIBRIGE

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                               SONNETS

                   LOU PLAGNUN DOU PASTRE
                              — DIALECTE     iLPIN   —


     Ountees, aro, lou tèms, o Nourèio pourié,
     Quand vers lou souréu clin, s'eibignaian defouoro,
     Equ'amudi d'amour, de long des pradarié,
     Flourejkvou tei det d'uno man que tremouoro?
     Oh ! qu'èro bouon lou sero, e que masco m'ourié
     Predi tout lou ploura que de mes nei s'escouoro?
     Encuei, moun amo a plu qu'un espero : Sérié
     Les pèd davans, de lèu sourti de ma demouoro.
     Car tu, que tei vint an faien tant ufanouo,
     Siei mouorto, e m'as leissa su la routo espinouo,
     E, pelegrin sounous, vouos que souret l'acàbou !
     Oh! noun. Vène me querre; a tu vùurou mounta!
     Vène, ou dounclou frejau de toun crouos, lou derràbou,
     Par m'aclapa tout vièu, Nourèio, à toun cousta !

                       LA P L A I N T E DU P A T R E
  Qu'est devenu le temps, ô ma Norée jolie, — où, vers le soleil qui baisse, nous nous
esquivions dehors,—et où, muet d'amour, le long des prés,—j'effleurais tes doigts
d'une main qui tremble?
  Oh! que le soir était bon! — et qu'elle sorcière m'aurait — prédit tout le pleurer
qui de mes yeux s'écoule? — Aujourd'hui mon âme n'a plus qu'un espoir: ce serait
— les pieds en avant (dans un cercueil) de vite sortir de ma demeure.
  Car toi, que tes vingt ans faisaient si magnifique, —tu es morte, et tu m'as laissé
sur le sentier plein de ronces, — et, pèlerin sanglant, —tu veux que j'achève seul la
route !
   Oh! non! Viens me prendre; à toi je veux monter.—Viens, ou bien la pierre de
ta tombe, j e l'arrache, — pour m'en recouvrir tout vivant, Norée, à tes côtés!