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           HISTOIRE DU SENTIMENT DE LA NATURE                         47
 haut le spiritualisme le plus élevé : Dieu éternel et infini, l'âme
immortelle, l'homme libre et intelligent, il affirme ces vérités pri -
mordiales que lui certifient l'autorité de la tradition, et celle plus
puissante encore que donnent des années de méditation et d'un
 travail assidu.
    C'est le nom de Dieu que M. de Laprade a inscrit au frontispice
deTHistoire du sentiment de la nature, c'est le même nom qui
en est la fin et le couronnement. Pour lui, l'homme en face de la
nature, en présence de ses manifestations multiples, tour à tour
grandioses, séduisantes et variées à l'infini, est invinciblement
amené à concevoir l'idée de Dieu.
    « De toutes les histoires, dit-il, de toutes les poésies, de tous les
voyages, de toutes les observations des philosophes, comme aussi
de leurs hypothèses, résulte ce fait irrécusable, c'est que l'homme
en face de la nature arrive de prime abord à se poser la question
du divin. Rapprochant tous ces phénomènes qui lecharment ou qui
l'épouvantent et dont il ignore le principe, de l'idée de cause qu'il
trouve dans sa raison, il conçoit un rapport nécessaire entre le
spectacle qui l'environne et cette notion d'une force mystérieuse
antérieure à lui-même, universelle, infinie, qu'il porte dans sa
conscience. Il rattache l'existence de la nature à l'idée de Dieu
qu'il a reçue de la tradition, ou reçoit delà nature elle-même sa
première idée d'un être divin. Il choisit les premiers objets de son
culte dans la nature, quand son esprit manque de secours pour
pénétrer au delà; fétichiste, panthéiste, polythéiste ou visité dans
l'Éden par l'immatériel Jéovah, il adore la nature elle-même ou il
adore un dieu à travers la nature; il divinise les objets visibles et
les causes secondes, ou s'élance vers la cause première ou le su-
prême Invisible. »
   D'où il résulte qu'une théorie des rapports de la nature avec
l'Etre absolu est l'introduction nécessaire à la philosophie de
l'art.
   C'est à cette étude préliminaire que l'auteur consacre son pre-
mier livre : successivement il étudie les rapports de la nature avec
Dieu, la nature en elle-même, ses divers ordres de rapports avec
l'homme et enfin les caractères généraux du sentiment poétique de
la nature. C'est la partie vraiment métaphysique de l'œuvre. On