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FÉLIBRIGE DNF-ÉLIBRE LIMOUSIN L'ABBÉ J O S E P H ROUX « Vous ne sauriez croire, nous écrivait naguères un illustre savant corrézien,. combien ce bas Limousin, si grand autrefois, que j'aime de toute mon âme, est indigent, malingre et morne. On n'y vit pas, on y meurt de mort inexOrab'e et lente... » C'est pourtant de ce coin de France, aujourd'hui si déshérité, que naquirent un jour les aspirations sublimes qui secouèrent en Occident les entraves de la barbarie. Le grand passé des troubadours, cette immortelle gloire du Limousin, était assez vivace encore dans la mémoire des hommes, pour trouver au moins un écho après cinq siècles de silence. Et c'est ainsi qu'un simple desservant de cam- pagne, l'abbé Joseph Roux, va nous' donner une Epopée limousine, avec laquelle il peut prétendre au relèvement de son pays. L'ancien diocèse de Limoges, qui correspondait exactement au territoire gau- lois des Lemovices, pouvait se diviser en trois zones distinctes: la Marche, dont la plus grande part est de langue d'oïl, le haut Limousin (département de la Haute-Vienne) et le bas Limousin (département delà Gorrèze), tous deux provinces d'Oe. Les premiers troubadours de langue limousine sont aussi les premiers de l'histoire : Guillaume de Poitiers, comte de Limoges (1127), Ebles de Venta- dour, Ebles de Pierre-Buffières et Grégoire Béchade de Lastours. Ce dernier, délaissant les gracieuses cantilènes de ses émules, avait composé, à son retour de Palestine, l'épopée de la première croisade. Qui sait si le Tasse ne connut pas ce poème, pris du moins tout entier dans la réalité!... Faut-il parler maintenant des glorieux descendants limousins des premiers troubadours, do ces poètes qui civilisèrent l'Europe, en chantant l'amour, sans lequel il n'est rien, et par lequel ils ont préparé à la femme la place chrétienne qu'elle occupe aujourd'hui dans la