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534                 LA REVUE LYONNAISE
    La Fontaine a dit quelque part : « Si Peau d'Ane m'était contée,
j'y prendrais Un plaisir extrême. » M. de Gravillon s'est souvenu de
cette parole du fabuliste, et il a voulu nous raconter à son tour
cette gracieuse histoire. Sa Peau d'Ane est une petite femme
délicate, dont les formes mignonnes ont beaucoup d'élégance.
Accroupie sur l'une de ses deux jambes, presque assise, elle fait
tomber sa bague dans le gâteau qu'elle a pétri pour le jeune prince
 qui languit d'amour. Sa pose est agréable ; sa tète, spirituelle et
 fine, et la récompense que le jury vient de lui décerner n'est que
 rigoureusement méritée.
    Il faudrait, si cela se pouvait, dire quelques mots du Tombeau
 de Mgr Fournier, par M. Bayapd de la Vingtrie, et des monu-
 ments de M. Croisy sur le général Chanzy. Mais dans une étude
 aussi courte que celle-ci, nous n'avons malheureusement pas le
 temps de nous arrêter à tout ce qui en vaut la peine. C'est pour
 cette raison que nous passerons rapidement encore sur la statue
 du Général Hoche, par M. Clésinger, sur le Routier, de M. Tour-
 gueneff, et même sur le Porte-falot à cheval, de M. Frémiet, qui
 est cependant une œuvre remarquable et qui fera figure au péristyle
 de la salle des fêtes, à l'hôtel de ville de Paris.
    Il nous reste à parler d'un certain nombre d'œuvres moins inté-
 ressantes que les précédentes par le choix du sujet, mais qu'on ne
 saurait néanmoins passer sous silence. Tel est l'Aveugle et le
 Paralytique, de M. Turcan, auquel font cortège, d'une part,
 l'Aveugle et le Paralytique, de M. Carlier, d'autre part VAveuyle
 et le Paralytique, de M. Gustave Michel. 11 y a du talent dans ces
 groupes. Mais quel sujet pour des scuplteurs ! Franchement est-ce
 le rôle de la statuaire d'immortaliser les difformités de notre
 espèce? Quelle distance entre nous qui ne sourcillons à l'idée d'as-
 surer la pérennité du marbre a de véritables monstruosités, et
 les Grecs qu'une semblable entreprise aurait révoltés, eux, qui
 poussaient le respect de la forme plastique jusqu'à lui sacrifier
 l'expression.
    Encore si de pareilles tentatives avaient pour excuse et pour
 justification la recherche de la pensée, on pourrait les comprendre.
 Je conçois, dans une certaine mesure, qu'un artiste reproduise la
 laideur, l'épuisement etmême l'infirmité, quand, en y ajoutant quel-