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46                   LA REVUE LYONNAISE
ment de la nature chez les anciens et chez les modernes, il man-
quait une préface. Le lecteur avait appris comment et dans quelle
mesure les différents siècles littéraires avaient puisé à cette source
intarissable; mais il fallait encore que ce sentiment fût analysé,
qu'il fût scruté jusqu'en ses intimes profondeurs, qu'il donnât, en
un mot, la raison essentielle de son être, en même temps que celle
de ses applications. C'était la partie purement philosophique et spé-
culative de ces études qu'il restait à compléter.
   Maintenant l'auteur a mis à son œuvre la dernière main, et le
critique peut l'apprécier dans son ensemble.
   Mieux qu'à tout autre, il appartenait à M. de Laprade de rédiger
en un corps de doctrine les procédés dont il avait usé si largement.
11 a été par excellence le poète de la nature : tout enfant, il l'a
aimée, il l'a entourée d'une adoration passionnée, et maintenant
que les neiges de l'âge commencent à blanchir son front, son culte
 ne s'est pas refroidi, et c'est à elle encore qu'il s'adresse pour
 demander ses pins sublimes inspirations .'Il entend, comme il les
 entendait à vingt ans, c'est lui-même qui en fait l'aveu, les mille
 voix que parle la création, et leur langage trouve un fidèle écho
 dans son âme.
    Honneur au poète dont lapensée n'a pas varié, dontles croyances
 sont restées fermes et immuables. Il est permis, à coup sûr, de ne
 point partager toutes les affections ou les haines politiques qui ont
 guidé la plume de M. de Laprade, mais il est du devoir de chacun
 de reconnaître que ses chants ont toujours été dictés par une âme
 généreuse et fière, et de saluer le front bien bas cette grande con-
 science et ce noble caractère.
    Qu'il nous soit donc permis de rendre à notre illustre concitoyen
 cet hommage de sympathique admiration. Lorsque l'on considère
 avec tristesse la ruine morale de tel grand nom que nous ne vou-
 lons point répéter ici, on sent redoubler son estime pour le poète
 qui garde, aussi étincelante qu'aux plus beaux jours de la jeunesse,
 la lumière de son génie. •
    C'est que M. de Laprade n'a point trempé sa plume au bourbier
 fangeux du matérialisme contemporain ; c'est qu'il a gardé intacte
 la foi religieuse de la première heure. Son nouveau livre est l'écla-
 tante preuve de ce que nous venons d'écrire. Il y professe bien