Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                     FELIBRIGE                                        281

                       — « Anaraitrouba la Rèino,
                       Dis, e ié dirai : Bon-jour !
                       Veniéu vèire s'a la Sèino
                       L'aigo lindo fai tintèino
                       Goume i sorgo dou Miejour ;
                       Veniéu vèire se la brèino
                       Trelusis coume la sau
                       Dins lis erme provençau.
                      Veniéu saupre se li figô
                      S'amaduron dins voste ort,
                      Se li poumo e lis aligo
                      Noun vous dounon enterigo ;
                      Se becas de rasin d'or
                      Goume avau dins li garrigo,
                      E s'avès garda lou goust
                      Dis arange melicous. »
                       Enterin que s'adraiavo,
                      Catelan acô disié ;
                       Dins tout riêu que cascaiavo
                      Gatelan se miraiavo,
                      E manjavo i cereisié ;
                      Enterin que pantaiavo
                      I belôri de la court,
                      Lou camin se fasié court.
                      « A la Rèino touto bello
                      Porte, dis, un pergamin
                      Que i'a cent cansoun nouyello,


  — « J'irai trouver la Reine, dit-il, et lui dirai : Bonjour! je venais voir si l'eau de
la Seine gazouille limpide comme les sorgues du midi ; je venais voir si le givre
brille comme le sel dans les landes provençales.
  Je venais savoir si les figues mûrissent dans votre jardin, si les pommes et les alizés
n'agacent pas vos dents; si vous becquetez des raisins d'or, comme là-bas, dans les
garrigues, et si vous avez gardé le goût des oranges de miel, »
  Voilà ce que disait, chemin faisant, le trouvère ; dans tout ruisseau qui bruissait
Catelan se regardait, et il mangeait aux cerisiers ; tandis qu'il allait rêvant aux splen-
deurs de la cour, le chemin se faisait court.
  « A la reine toute belle, je porte, dit-il, un parchemin qui contient cent chansons