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LE CONGO 441 multiplication à travers les espaces; c'est la soumission de l'uni- vers ou d'une vaste partie, à sa langne, à ses mœurs, à ses idées et à ses lois. Un peuple qui colonise, c'est un peuple qui jette les assises de sa grandeur dans l'avenir, et de sa suprématie future. Toutes les forces vives de la nation colonisatrice sont accrues par ce débor- dement au dehors de son exubérante activité... Le peuple qui colo- nise le plus, nous dit-il encore, est le premier peuple ; s'il ne l'est pas aujourd'hui, il le sera demain... » Enfin, appliquant à la France ces principes qui remplissent tout son livre, il formule cet arrêt : « La colonisation est pour la France une question de vie ou de mort: ou la France deviendra une grande puissance africaine, ou elle ne sera, dans un siècle ou deux, qu'une puissance européenne secon- daire ; elle comptera dans le monde à peu près comme la Grèce ou la Roumanie comptent en Europe... » Nous devons donc coloniser l'Afrique. J'admets très bien que nos efforts doivent porterd'abord sur les colonies déjà créées, sur le Sénégal et surtout sur l'Algérie. Mais ces deux pays suffisent-ils à alimenter notre commerce, à ouvrir les débouchés que réclame notre industrie? Personne n'ose- rait le prétendre. On a bien dit que la Nigritie, une fois rattachée au Sénégal et à l'Algérie, offrirait un vaste champ à nos entreprises et à notre commerce. Mais n'oublions pas que les Anglais y vien- dront avec nous, et que leur concurrence sera sérieuse et redou- table. Déjà , en occupant la Bénoué, ils nous ont supplantés dans le bas Niger, et leur influence s'étend encore plus haut, jusque dans le Haoussa. La vallée du Nil inférieur leur appartient, depuis qu'Arabi a été vaincu par leurs armes. Le Zambèse est au pouvoir des Portugais, qui peut-être seront chassés à leur tour par l'ambi- tieuse Albion. Des quatre grandes artères fluviales qui conduisent au centre de l'Afrique, une seule peut être occupée par nous sans conteste : c'est le Congo. Nous serions donc bien aveugles ou bien imprudents, si nous nous laissions devancer dans ce pays par nos rivaux. Aussi bien, nous possédons à Brazzaville le centre d'un immense bassin qui sera pour nous la source des richesses les plus consi- dérables. Qu'il me soit permis, ici encore, délaisser parler M. de Brazza : « 11 existe en Afrique une vaste mer intérieure, avec une étendue de côtes d'au moins vingt mille kilomètres et une popula-