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250                  LA REVUE LYONNAISE
 par constraste du Souvenir du Concarneau. M. Gastan peut tirer
 honneur de cette œuvre, c'est un beau paysage des côtes de Bre-
 tagne, franchement rendu avec une audace de coloris qui ne per-
 met pas de songer aux épinards. Le ciel écrase lourdement l'hori-
 zon, un grand calme plombe la nature. 11 y a là un effet curieux,
 sensible de loin, et qui résiste cependant à un examen plus
 attentif.
    M. Auguin a exposé une des belles toiles du salon. Sa manière
 est évidemment celle de Corot, et sa forêt virgilienne est d'un
 impressionniste, mais d'un impressionniste de la bonne école, avec
 une touche qui rappelle Huysmans. Le science du feuillage est
 poussée aux dernières limites, et l'émotion vous gagne devant cette
 nature si forte, si féconde et si variée. Or, quand un paysage
 touche le cœur, il est de main de maître. Aussi je ne considère
que comme une étude d'atelier la petite toile de M. Garrand ; c'est
bien fait, c'est enlevé ; il y a, comme on dit en argot de rapin,
 du fuyant. Mais c'est froid.
    M. Appian s'est distingué cette année par une excellente marine,
 exceptionnellement réussie, d'une couleur heureuse et vraie, d'une
grande harmonie de détails. L'impression est à la fois douce et
persistante. Les eaux surtout ont été rendues avec un grand bon-
heur. C'est une des meilleures toiles d'un artiste qui les fait tou-
jours bonnes. M. Tattegrain nous envoie deux bonnes femmes et
une marine dans le même petit cadre. L'idée est aussi malheu-
reuse qu'économique, la marine est agréable, mais les deux
vieilles barques ne sont pas dans leur plan.
   M. Dubois a expose un Matin à Venise, œuvre solide et sé-
rieuse d'un travailleur; les eaux sont exactement rendues, les
teintes sont très adroitement ménagées, et la note générale du
tableau qui est grave est adroitement piquée de rouge, de blanc,
de jaune et de noir. Mais pourquoi figurer ces ilotis mousseux en
paquet d'asperges au rabais?
   M. Philipsen est en réel progrès si on compare ses deux grosses
barques, très finement peintes, à ses précédents envois. Quant à
M. Belet du Poizat, il devient décidément le peintre du bleu
Guimet.
   Dans la peinture de fleurs, c'est assurément M. Rivoirequi en-