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                               BIBLIOGRAPHIE                                      183
du prix d'éloquence; cette circonstance fit éclore une quantité d'articles ingé-
nieux et louangeurs.
   Mais un travailleur consciencieux, un de ces lettrés, comme il en reste encore
quelques-uns, M. Gustave Larroumet, agrégé de l'Université, docteur es lettres,
professeur au lycée de Vanves, avait, antérieurement à ces différentes publica-
tions, étudié à fond le même écrivain, et un volume de près de 650 pages fut le
fruit, aussi attrayant que substantiel, de ses longues et patientes recherches. Il a
tout passé en revue,afin de nous faire mieux connaître l'homme spirituel et aimable
qui, d'une plume légère et tant soit peu subtile, a esquissé les Fausses confi-
dences, les Jeux de l'amour et du hasard, le Legs, les Surprises de l'amour,
l'Épreuve nouvelle. Sa vie privée et sa carrière de littérateur et d'académicien ;
ses romans et ses comédies; le rôle qu'il joua comme inventeur de fictions dra-
matiques, comme critique, comme moraliste ; des détails sur ses portraits, ses
autographes, les éditions de ses livres, les œuvres qui lui ont été attribuées: tels
sont les éléments qui composent cet ouvrage, plein de choses et dont la lecture
ne lasse point un instant.
   Ainsi qu'on peut s'y attendre, M. Larroumet ne songe nullement à déprécier
son héros; mais, en somme, il n'a pas besoin d'exagérer pour le louer. Marivaux
a fait école: or, de tous ceux qui l'ont suivi et imité, pas un n'est arrivé à
l'égaler, et le mot de marivaudage, jadis décrié parmi les doctes et les austères,
ne signifie plus guère pour nous que grâce et esprit, dût cette grâce être suspecte
de quelque recherche, cet esprit pécher par trop de finesse.
                                               A.    PHILIBERT-SOUPE;,




     THÉOPHILE GAUTIER. — SOUVENIRS DE THEATRE, D'ART ET DE
      CRITIQUE. — G. Charpentier, éditeur, i 3 , rue de Grenelle-Saint-Gemiain,
      Paris. 188 î, — 1 vol, in-18 Jésus, prix : 3 fr. 50.


   C'est une excellente idée qu'a eue l'éditeur Charpentier de glaner à travers les
journaux et les brochures des années disparues, les meilleurs d'entre les innom-
brables feuilletons qu'y semait chaque jour la main libérale de Théophile Gautier.
Plusieurs volumes ont déjà paru, composés de cette façon. Nous citerons entre
autres : L'Histoire du Romantisme, Fusains et Eaux-fortes, Tableaux à la
plume. Un livre nouveau s'ajoute aujourd'hui à la série : nous espérons qu'il n'est
pas destiné à la clore. La mine est, on peut dire, inépuisable; et les documents
qu'on en retire, quoique concernant une époque toute récente, n'en sont pas
moins doués d'un intérêt puissant.
   Il y a telles pages dans ces Souvenirs où le styliste incomparable a déployé les
ressources les plus merveilleuses, entre autres dans l'arcticle consacré à MUe Fanny
Elssler. Nous mentionnerons aussi le portrait de Carlotta Grisi.
   Parmi les articles de littérature, un des meilleurs, à notre avis, est celui qu'il
écrivait dans la Chronique de Paris du 14 août 1836 sur les contes d'Hoffmann,
dont il explique à sa manière l'influence sur le public français. Nous en extrayons
ces lignes que, plus d'un, à coup sûr, s'étonnera de rencontrer sous la plume de
l'auteur de Jeunes Frances : « Ni le vin, ni le tabac ne donnent du génie ; un
grand homme ivre va de travers tout comme un autre, et ce n'est pas une raison