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                           SONNET


                      PÉCHANT A LA LIGNE

 Bruit endormeur de l'eau, silence de la grève,
 Fixité du regard tendu vers l'hameçon,
 Tout s'y prêtant, j'avais dans l'esprit le soupçon
 D'un ruisseau fantastique où je péchais un rêve.

 Voici qu'entre deux eaux, glissant comme un poisson,
 Se dessine le corps d'une belle enfant d'Eve ;
 Sous ses longs cheveux noirs que la vague soulève
 Elle sourit, mais triste à donner le frisson.

 « Pauvre Anna ! soupirai-je, amoureuse ennuyée,
 Depuis tantôt dix ans qu'ici tu t'es noyée,
 Tu me trouves bien lent à mourir après toi !

 J'arrive! ouvre tes bras, chère qui me fais signe ! »
 — Mais tirez donc ! me crie un pêcheur près de moi ;
 Vous tenez une anguille au bout de votre ligne.

                               JOSÉPHI.N   SoDLARY,




FÉVRIER 1883.   — t   V.                                 7