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                 LES LETTRES INÉDITES

      DU COMTE DE GAVOUR *


    Le comte de Gavour aimait à répéter qu'après sa mort il faudrait
 attendre cinquante ans pour rédiger ses mémoires. Il se trompait,
 si bon prophète qu'il fût d'habitude. Sans doute, on ne pourra juger
de la solidité de ses conceptions politiques qu'à la durée de son
 Å“uvre principale, si le temps, par je ne sais quelle combinaison
providentielle, rétablit l'accord entre la papauté et l'Italie, et rend
ainsi à la monarchie de Savoie la plénitude de ses forces morales.
Cavour est le plus grand politique du dix-neuxième siècle, puisqu'il
aura prévu et préparé l'entente cordiale du principat, de la liberté
et de l'Eglise, ces trois éléments dont l'union est nécessaire à
l'harmonie sociale. La postérité seule pourra donc porter sur le
système gouvernemental de Cavour un jugement définitif. Mais,
au lendemain de sa mort, on a voulu connaître sa vie. Pendant
que la Chambre des députés ordonnait l'impression officielle de ses
discours, ses admirateurs et ses amis ont étudié de près cet homme
d'État éminent; on a refait l'histoire de sa conduite privée, de ses
actes publics, de ses travaux, de ses ambitions. Notre siècle applique
à l'étude des hommes la méthode expérimentale. On ne néglige
aucune des manifestations du caractère, grande ou petite. Les con-
versations particulières, les lettres intimes, les anecdotes même
ont leur prix pour cette curiosité scientifique. Cavour n'a pas
échappé à ces investigations toujours minutieuses, souvent indis-
 t Turin, 1883, Roux et Faval.           .