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552                  LA R E V U E LYONNAISE
a presse quotidienne, qui croit défendre la liberté en s'imposant
même aux gouvernants pour les faire reculer devant la répression
de la licence la plus désordonnée.
  Après les désastreuses conséquences d'un tel état de choses, en
se reportant à la question en discussion, on se demande si personne,
excepté les lecteurs, n'aura encouru de responsabilité.




                                  V

   A toutes les critiques et aux doléances dont je me fais l'écho, il
est une réponse résumée en un mot devenu banal- Ce mot est celui
de réactionnaire, qui, sans doute, signifie ennemi du progrès. Tou-
tefois, ce n'est qu'un mot qui n'a déportée que pour ceux qui veu-
lent en faire une injure. D'ailleurs pour les optimistes, les récrimi-
nations contre les choses et les personnes du temps présent ne sont
plus de saison. Les mœurs actuelles, disent-ils, ne sont ni meil-
leures ni pires, et quand les critiques s'appliquent à ce qui intéresse
la jeunesse des écoles, il n'y aurait rien de changé ; la jeunesse
 d'aujourd'hui et celle de jadis ne diffèrent point; les plaintes à ce
 sujet seraient sans portée sérieuse.
    De tout temps, dit-on, certains livres ont eu pour auteurs des
 écrivains entraînés par le caprice de leur imagination, par un
 désir de spéculer sur la curiosité humaine, sur le succès de leur
 vanité, si ce n'est de leur talent ; et sur ce qui honore le moins les
 écrivains peu scrupuleux, sur l'appât du gain avant tout, quelques-
 uns mêmes, ambitieux de satisfaire des sentiments vicieux, ont
 voulu assimiler les idées et les mœurs des autres aux leurs
 propres : de tout temps, enfin, des écrivains ont produit des livres
 dangereux pour ceux-ci, inoffensifs pour ceux-là.
    Le dix-huitième siècle, sans doute, n'a pas manqué d'écrivains,
  de romanciers surtout, dont les ouvrages pourraient être plus ou
  moins avouables. Je sais bien aussi que si quelques livres n'ont
  valu à leurs auteurs que la honte de les avoir écrits, quelques
  autres sont malheureusement abrités sous des noms glorieux dans