Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
398                          LA REVUE LYONNAISE
jusqu'à ce jour, des gentilshommes qui combattirent à la tête des troupes dauphi-
noises.
   Sur cette liste nous remarquons plusieurs noms qui appartiennent à l'histoire
du Lyonnais et du Forez. L'intérêt que présente ce document n'est donc pas
limité seulement aux annales du Dauphiné. Plus d'une famille de nos pays peut
aussi y retrouver le souvenir honorable de l'un de ses ancêtres. Et c'est à ce
titre que nous le signalons à l'attention de nos lecteurs lyonnais et foréziens.




      NOTICE SUR L'ABBE LAUSSEL, procureur de la commune à la municipalité
       de Lyon, en 1793, par M. SAXOMON DE LA CHAPELLE. — Lyon, in-8, t882, chez
       les principaux libraires. — P r i x : 2 fi'.
   Le propre des époques troublées est de faire monter aux premiers rangs les
indignes et les déclassés. Dans ses Origines de la France contemporaine, Taine,
faisant le portrait des Jacobins, qui avaient réussi, en 1793, à s'emparer de la
dictature dans les chefs-lieux des départements, s'exprime ainsi au sujet de notre
ville: « Lyon a pour oracle un ex-commis voyageur, émule de Marat, Ghalier,
dont le délire meurtrier se complique de mysticisme maladif; les acolytes de
Ghalier sont un barbier, un perruquier, un marchand fripier, un fabricant de
moutarde et de vinaigre, un apprêteur de draps, un ouvrier en soie, un ouvrier
en gaze... » [La Révolution, II. p. 329.)
   Dans cette nomenclature, l'auteur oublie l'abbé Laussel, procureur général de
la commune et l'un des amis les plus dévoués de Ghalier1. L'abbé Guillon avait
tracé déjà de Laussel un portrait assez peu flatté. Les documents inédits, que
publie aujourd'hui M. de La Chapelle sur ce personnage, achèvent de nous le faire
connaître, mais non sous un jour' meilleur.
   Laussel se livra, en effet, sans mesure, à tous les excès de cette malheureuse
époque. Prêtre,il prête serment à la constitution civile du clergé et épouse publi-
quement une ancienne religieuse. Journaliste, il attaque, avec une violence inouïe,
les hommes et les institutions les plus respectables. Orateur de club, il propose
les mesures les plus sanguinaires. Procureur de la commune, il se glorifie d'être
le Marat de Lyon et prend une part active au complot organisé par Ghalier, pour
faire couler à flot le sang des notables Lyonnais.
   Tant de gages donnés à la Révolution ne purent cependant le mettre à l'abri de
la dénonciation. Laussel fut accusé de prévarication dans ses fonctions et d'intel-
ligence avec les émigrés. Incarcéré pendant de longs mois et traduit devant le
tribunal révolutionnaire de Paris, il put cependant être acquitté. Mais, dès ce
jour, sa carrière politique est finie, et nous le voyons remplir les emplois les
plus divers et parfois les plus modestes, jusqu'au jour où il vint à Gignac, son
pays natal, retrouver l'obscurité et l'oubli au sein de sa famille. Pourtant, à sa
mort, arrivée en 1828, Laussel abjura ses erreurs, et manifesta un repentir, qui
témoigne que tout sentiment religieux n'était pas éteint dans son cœur. Il avait
consacré les dernières années de sa vie aux belles-lettres, surtout à la poésie, et
l'on cite de lui notamment plusieurs pièces de vers et des contes en dialecte lan-
guedocien, dont on retrouvera la liste dans la notice publiée par M. de La
Chapelle.