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460                  LA R E V U E    LYONNAISE
   L'éducateur alors a besoin d'auxiliaires, même de suppléants.
Lelivre vient lui en servir.
   Le livre! à ce mot, la pensée de tous s'élance au devant de la
mienne pour comprendre que ce mot résume le plus grand nombre
de nos idées, et que souvent nos actions, nos sentiments sont soumis
à la direction de ces idées. De la lecture, par conséquent, dépend
le développement de toutes les forces intellectuelles et morales qui
font la valeur des hommes, et aussi la grandeur des nations. La lec-
ture sert donc à l'alimentation de l'âme.
   Parler du livre, c'est d'ailleurs vouloir parler aussi des écrits
de toutes sortes : de la littérature, delà science, du journal et de
tout ce que l'imprimerie fait naître pour propager la pensée
humaine.
    Le livre n'est pas, sans doute, notre premier instituteur, mais,
s'il n'a pas commencé notre instruction, il l'a continuée et il l'achève ;
au moins il aide puissamment à l'achever.
    Or, le livre, maître aimable, ami fidèle en même temps, ne nous
fatigue pas, car ses leçons sont, à notre grè, courtes ou longues;
il est présent à notre appel, à côté de nous, si tel est notre bon plai-
sir. 11 est à nos ordres, ce professeur si commode qu'il se retire
s'il nous ennuie ; il peut nous entretenir de tout, car tout est de sa
compétence. Son domaine est l'univers entier, son autorité s'étend
sur toutes les intelligences modestes ou supérieures.
    Mais alors ce maître puissant, si nous l'aimons, il a une mission
à remplir d'autant plus grande, d'ailleurs plus obligatoire, selon que
sa responsabilité peut être engagée. Que dirait-on, en effet, d'un
instituteur qui emploierait son ministère à corrompre l'esprit et
le cœur de son élève, à affaiblir au moins sa moralité par l'insuf-
fisance et surtout l'impureté de son enseignement ; à faire dévier
son intelligence en ne l'appliquant qu'à des idées fausses, qu'aux
frivolités de son imagination, ou même au développement de ses
mauvais penchants ?
   Que seraient un père, une mère, comme tout directeur d'édu-
cation, qui ne comprendraient pas au nombre de leurs devoirs
envers leurs enfants ou leurs disciples, de protéger leur âme
contre la déviation des idées, contre les désastres et la honte de la
corruption?