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                      DOCUMENTS INEDITS                            41
dans le corps de ce, malheureux, le prince saisit une hallebarde
abandonnée par l'un des fuyards, et repoussa, avec le concours de
Dufour, qui donna "plusieurs coups d'épée, la seconde agression
des archers ramenés par l'autre sergent. L'affaire était terminée,
lorsque François Ollivier, lieutenant de la compagnie du guet
arriva. Questionné honnêtement par le prince, au sujet des
blessés, cet officier répondit avec arrogance qu'il n'avait pas de
compte à rendre. Le prince, échauffé, lui riposta que les ser-
gents étaient des insolents et des canailles, puisque, sachant
à qui ils avaient affaire, ils avaient chargé et attaqué, qu'ils méri-
taient leur sort. Dufour, outré des insolences du lieutenant, ajouta
qu'en secourant les princes, il n'avait fait que son devoir, et qu'il
aurait tué tous les soldats, s'il l'avait pu. L'auteur de la supplique
où cette .narration est rapportée, Dufour, assure qu'il ignorait
avoir blessé un ou plusieurs des archers qui se trouvaient tous en
parfaite santé pendant que lui était prisonnier et sous le coup
d'une sentence de mort; il s'adressa à la clémence royale. Par
lettres patentes données à Saint- Germain-en-Laye, au mois de
février 1681, le roi accorda le pardon sollicité, mit à néant les
sentences et informations, réserva la satisfaction due aux parties
civiles, et ordonna l'entérinement de ces lettres sur les registres
du Parlement. Dufour paya 108 livres d'aumône et 61 livres de
timbre et contrôle. Quelques semaines de prison et un peu
d'argent ! Il ne s'en serait pas tiré à si bon marché, sans la com-
plicité des princes, beaucoup plus chargés dans cet exposé (et
dans le document dont le texte suit) que parles procès-verbaux et
les informations des officiers de la sénéchaussée de Lyon. Ceux-ci
 osèrent à peine faire mention des deux membres de la famille
royale qui, pour sauver leurs amis n'hésitèrent pas à se laisser
 désigner comme auteurs principaux de cette sanglante querelle,
probablement envenimée des deux côtés par l'influence du vin et
de la température.
   Ces princes, qui allaient en Italie et s'étaient arrêtés à Lyon où
ils renouvelaient, pour se distraire, les faits agressifs en usage
sur le Pont-Neuf de Paris, étaient fils de Thomas de Savoie,
prince de Garignan et de Marie de Bourbon, sœur et héritière de
Louis de Bourbon, comte de Soissons, l'ennemi acharné du cardinal