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     RÉUNION DE LA FRANCHE-COMTÉ A LA FRANCE                                  515

princes l'abandonnèrent. La médiocrité, la lâcheté»du duc d'Or-
léans sont connues. L'immoralité du duc de Lorraine, Charles IV,
ne l'est pas moins. On lui a attribué une certaine habileté mili-
taire. M. de Piépape a raconté avec détail et avec un vif intérêt la
bataille de PoJigny, qui fut livrée par Charles IV au duc de Luxem-
bourg, le 19 juin 1638. Le duc de Lorraine y fit preuve, en effet,
de véritables talents stratégiques, et on peut à la rigueur lui attri-
buer la victoire, puisqu'il obligea Luxembourg à se retirer, sauf,
il est vrai, à se retirer lui-même presque aussitôt, en abandonnant
le pays aux dévastations de son adversaire. Mais ce dont on ne peut
convenir, c'est qu'il ait, comme le croit M. de Piépape, remporté
en 1634, sur les Suédois, la victoire de Nordlingue. S'il assista à
cette bataille et s'y comporta vaillamment, il ne fit en cela rien
qui pût le distinguer des autres généraux. Il y commandait seule-
ment, et encore avait-il à ses côtés Jean de Werth, les 6.000
Bavarois qui formaient l'aile droite de l'armée catholique, tandis
 que l'ensemble de cette armée, qui, outre les Bavarois, comprenait
12.000 Impériaux et 15.000 Espagnols, avait pour chefs le roi de
Hongrie et l'infant, et était commandée en réalité par Gallas. Ce
fut donc ce général impérial, et non le duc de Lorraine, qui rem-
porta la victoire.
    A mesure que le moment de l'annexion se rapproche, le récit de
 M. de Piépape s'élargit. Une consacre pas moins de cent pages au
 siège de Dôle par le duc de Condé, le père du grand Condé. Le
 caractère principal de cette guerre d'annexion, c'est d'avoir été une
 guerre de sièges ; on voit par là que la Franche-Comté ne faisait que
 se défendre.
    Le siège de Dôle est le plus beau fait d'armes des Comtois.
 M. de Piépape ne nous apprend malheureusement pas quel était
 alors la population de cette ville et quel fut le nombre de ses
 défenseurs *. Toutes les troupes de la Comté ne s'élevaient alors
 qu'à 7.000 fantassins et 700 cavaliers ; mais Dôle n'en avait qu'une
 faible partie, tandis que l'armée de Condé se composait de 28.000
 hommes, dont 20.000 fantassins et 8.000 cavaliers, avec quatorze

  i Richelieu avait essayé de gagner la noblesse comtoise) en lui offrant de la dé-
barrasser de la honteuse servitude des clercs (I, 373).