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268                       LA REVUE LYONNAISE
   Il faudra sans doute beaucoup de temps pour faire l'éducation
de ces races de l'intérieur, et leur inculquer les vertus du chris-
tianisme. Qu'on ne l'oublie pas : les nations sont comme les indi-
vidus, et, pas plus qu'eux, elles ne quittent leurs vices tout d'un
coup pour arriver aux vertus les plus parfaites. Le nègre, ce grand
enfant naïf et léger, attentif au présent et oublieux des leçons que
pourrait lui fournir l'expérience, le nègre, dis-je, a besoin d'une
longue éducation donnée par des maîtres très patients. Espérons
 que cette éducation ne lui manquera pas, et qu'elle lui viendra de
la France. Si par malheur, il était mis en contact avec ces peuples
 exclusivement mercantiles qui tuent le sauvage en flattant ses
 vices, au lieu de chercher à le moraliser ; si, au lieu de la doctrine
 qui élève l'âme, il recevait d'eux les liqueurs fortes qui tuent le
 corps, il serait tôt ou tard condamné à disparaître. Ainsi s'est
 éteinte la race des Tasmaniens ; ainsi a dépéri la population indi-
 gène des Etats-Unis; ainsi meurent les tribus de l'Australie et
 celles de la Nouvelle-Zélande.
    Les indigènes du Congo ne sont pas systématiquement rebelles à
 nos idées civilisatrices.Nous sommes arrivés heureusement à temps
 dans leur pays, avant que le mahométisme ne les ait infectés de son


sent aucune satisfaction d'avoir fait le bien, aucun remords d'avoir fait le mal. Ses
jouissances consistent surtout à boire, manger et dormir; le sentiment même de la
propriété en lui ne s'est développé qu'à la façon dont il l'est chez l'enfant en bas âge,
qui, sans raisonner la valeur de ce qu'il possède, y attache un grand prix, et qui,
d'un autre coté, ne se fait pas scrupule de s'approprier ce qui ne lui appartient pas,
 si l'idée lui en vient. Il y a cette différence que le noir est, je le crains, un enfant
incorrigible... »
    En regard de ce portrait peu flatté, je crois devoir en placer un autre dont les
 couleurs sont peut-être trop riantes. Mes lecteurs jugeront et apprécieront. Dans
 tous les cas, ils pardonneront au prêtre catholique si, à force d'aimer les âmes, il
 s'est aveuglé sur les défauts de la race nègre. M. l'abbé Joanni Guyol, qui est revenu
 récemment des grands lacs de l'Afrique centrale en passant par le Congo, a fait à la
 Société de Géographie de Paris une conférence dont l'analyse se trouve dans les
 comptes-rendus de cette Société. J'en extrais le passage suivant: « Les nègres, dit
 en terminant le voyageur, sont d'une bonté extraordinaire. 11 ne parle pas, bien
 entendu, des tribus inhospitalières et anthropophages, dont quelques représentants
 existaient dans son escorte; mais ces gens mêmes, quand on sait s'y prendre et
 qu'on se montre bon pour eux, vous témoignent une vive reconnaissance. Il faut, il
 est vrai, leur passer leurs petits défauts, les laisser danser quand ils en ont envié,
  danser et aussi faire du bruit toute la nuit quand la chose leur plaît, c'est-à-dire quand
  ils tiennent à honorer le chasseur blanc, à le remercier de la viande qu'il leur a
  donnée en abondance. >• »