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 ést~il pour nous d'autant plus agréable de constater que, contrai-;
 rement à.la loi! générale, l'œuvre de M. Barrîas a traversé cetta
 épreuve sans rien perdre des qualités élevées qui lui avaient con-
 quis la première fois une universelle admiration. Dans ce beau;
 groupe, on ne sait ce qu'il faut admirer le plus, de la noble figure
du.père, qui, maîtrisant son désespeir, enlève d'un bras robuste .le.
corps de son fils et prend.lentement le chemin du lieu funèbre où
de ses .mains, paternelles il a'dû creuser la première tombe, de,
la tendre figure d'Eve qui, elle, au contraire, a perdu la force de
se contraindre, et dont le pauvre corps accablé se penche sur; le
cadavre pour déposer un dernier baiser sur le front de cet enfant
chéri qui ne lui rendra plus ses caresses de mère, au cadavre
lui-même .dont les membres inertes sont d'une vérité si drama-
tique et si touchante. Il s'échappe de toute cette œuvre une émo-
tion puissante, une douleur profonde, et cependant contenue
auxquelles ceux-là mêmes qui sont le plus inhabiles à comprendre
le langage de la statuaire ne peuvent rester insensibles.
   Après M.. Barrias, il n'est que juste de citer M. Dalou, qui, hier
encore, était presque un inconnu, et dont le nom est maintenant
dans toutes les bouches. Il expose deux bas-reliefs, ou, pour parler
plus exactement, deux haut-reliefs, dont l'un est le commentaire
éloquent de ces quatre vers de Pierre Dupont :
       -         La République régnera
                 Sur tous les peuples, et là terre
                 Dans la paix se reposera
                 De cinq ou six mille ans de guerre,

dont l'autre composition, destinée à décorer la Chambre des dé-
putés, est le récit en sculpture de la fameuse séance des états
généraux du 23 juin 1789, où le tiers-état, congédié par ordre
de Louis XVI, fit, par l'organe de Mirabeau, la fière réponse que
l'on sait : « ...Nous sommes ici par la volonté du peuple, et nous
n'en sortirons que par la puissance des baïonnettes. »
   En général, je me défie des bas-reliefs. Il faut bien cependant
décorer quelquefois les grandes murailles nues des monuments.
Mais là n'est peut-être pas la vraie mission du statuaire. Insépa-
rable de l'architecture, au début de toutes les écoles, la sculpture