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484 LA REVUE LYONNAISE la place que lui a donnée M. Charpentier dans sa charmante petite collection. Il a paru en 1848, et bien qu'il ait été écrit à une époque de bouleversements sociaux, il ne se ressent point de l'état de trouble dans lequel vivaient alors les esprits. C'est la fine critique de ce travers d'esprit qui pousse certaines jeunes imagi- nations à chercher le'bonheur hors des voies battues et à le poursuivre à travers les mille hasards de l'imprévu. Le héros du roman, Valentin, dévoyé par un vieux fou de chevalier de Sainle-Amaranthe, grand liseur de romans, refuse obstinément un mariage que lui a ménagé la sollicitude d'un oncle qui l'aime comme un père, et s'en va courir le monde en quête d'aventures fantastiques qui semblent comme à plaisir se dérober à son approche. Heureusement qu'un stra- tagème adroit le ramène au bon sens et à l'intelligence vraie de sa propre félicité, et que tout se termine de la meilleure façon du monde. Ce livre est écrit d'un style tempéré, facile, par instants un peu maniéré, sans trop d'affectation toutefois : pour me servir d'une phrase de l'auteur même, je dirai qu' « au sentiment le plus net de la réalité, il joint le sentiment le plus exquis de la poésie ». Tant il est vrai qu'on peut peindre exactement la nature sans se jeter dans le dévergondage naturaliste. D'un bout à l'autre, l'intérêt se maintient ; le bon sens, les sentiments honnêtes et une saine gaieté y régnent partout. On le lira, je n'en doute pas, avec plaisir. Ajoutons que deux très jolis dessins de Nielsenn contribuent à faire de ce volume un des plus jolis spécimens de la Petite Bibliothèque Charpentier. CH. LAVENIR. ANTOINE GOYSEVOX, SA VIE, SON (EUVRË ET SES CONTEMPORAINS, par HENRY JOUIN, lauréat de l'Institut. — Paris. Librairie académique Didier et G", IS83. 1 vol. Prix: 3,50. L'Académie des Beaux-Arts avait proposé, pour l'année 1882, le sujet suivant : Notice biographique et critique sur la vie et les ouvrages de Coysevox. Elle a décerné le prix à M. Henry Jouin, déjà connu par un grand nombre de tra- vaux sur la sculpture et les sculpteurs. Son livre, consacré à l'étude d'une de nos gloires lyonnaises a pour nous un intérêt tout particulier. C'est dans notre ville, comme chacun sait, que naquit Antoine Coysevox, le 29 septembre 1640. Son père, qui était menuisier, habitait la paroisse de Saint-Nizier. Le jeune homme, poussé par l'amour invincible de l'art, vint à Paris à l'âge de dix-sept ans. Neuf ans plus tard, il épouse la nièce do son maître, Lsrambert. Demeuré veuf au bout de peu de temps, il exe'cute au Louvre quelques travaux que lui avait commandés Lebrun, puis il s'attache .à l'évêque de Strasbourg, qui faisait élever à Saverne un palais somptueux. En 1671, il revient à Paris et contracte une nouvelle union. Le désir le prend alors de retourner à Lyon et de s'y fixer : mais Lebrun parvient à le retenir à Paris. De 1677 à 1685, Coysevox travaille à Versailles, et, jusqu'à sa mort, survenue en 1720, il tient le ciseau avec bonheur. Coysevox fut non seulement un artiste remarquable, mais encore un parfait homme de bien. « Des dehors simples, dit Feller (Biog. Unie), une probité