page suivante »
EXPRESSIONS DE TENDRESSE EN USAGE A LYON 343 dans la rue de Trion, on dira : « Arregardez donc c'te petite coque ! » ou, en se promenant après vêpres, sur les Tapis : « Y a ben tant par là de jolies petites coques !» Chair Jirôme, ma coque, Pour tes beaux sentiments, Viens donc que je te coque, En nous lanticanant. (Fanchon à Jirôme.) Plein de poésie quand on le chante sur l'air : 0 ma tendre musette ! Dans un bon ménage, le mari et la femme ne s'appellent jamais que ma coque. « Ma coque, viens dîner!—Voui, ma coque. — Ma coque, veux-tu du café?— Voui, ma coque! — Ma coque, c'est l'heure d'aller nous coucher. — Voui, ma coque ! etc. » Voilà les bons ménages. En patois, coca signifie poule. On l'emploie aussi figurément pour terme de tendresse. Il est remarquable que tous ces mots de coca, coque, et leurs dérivés coquer, cocoler, etc., soient tout à fait restreints au Lyonnais, et ne se retrouvent, à ma connaissance, dans aucun autre dialecte, pas même des pays les plus voisins. Gochard dit pourtant qu'en Languedoc les poules se nomment des coques. Mais vainement ai-je farfouillé dans les dictionnaires, compulsé les auteurs provençaux, je n'ai qu'à grand'peine retrouvé le vulgaire cocota pour poule, emprunté au langage enfantin, et nulle part le coca de nos patois. * Je m'assure qu'un Parisien du boulevard va croire que ma braise, c'est « mon argent ». Fi donc, avec leur horreur d'argot! Braise est ici employé au sens de miette pris pour extrême dimi- nutif. Les termes de tendresse sont toujours diminutifs. Pourquoi? je n'en sais rien ; mais on ne dira jamais à un objet adoré : « Ma géante », ni ma « Gargamelle », ni par réciproque, mon « Gar- gantua ». En revanche, c'est toujours mon petit, ma petite quelque chose. En Gevaudan, mon pitoulet, diminutif de petit, comme le diminutif d'un diminutif. Nous disons de même « mon petiot ».