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LA R E V U E LYONNAISE un réel succès. Mais l'obstacle à l'épanouissement de ces travaux est tout entier dans l'entreprise de leur publication. Nous n'énumèrerons pas les joio gagnées par M. Astruc dans divers concours provençaux et arriverons sans transition à ses premiers ouvrages poétiques. Depuis deux ans, une transformation, plus ou moins heureuse, il est vrai, et qu'il attribue à la fréquentation de Gauthier et de Banville, s'était opérée dans son talent, quand il donna sous les divers titres de Moun Album, Li Medaioun et Papié Pinta, une série de sonnets-biographies sur les félibres.Il y a d'excellents morceaux dans la multitude de ces quatorzains. Ils ont valu à leur auteur, malgré la banalité des titres de son ouvrage, un bien légitime succès. Mais nous lui prédisons plus de succès encore pour le jour où il réunira ses Cacîo, ensemble de toute ses poésies. On y trouvera d'excellentes pages de jeunesse, rappelant parfois certain maître par la forme de la passion, mais prouvant une fois de plus par. leur contraste avec les dernières pièces, que la muse provençale a encore assez de vitalité pour se passer de l'Art pour l'Art. Et la Marsiheso?.., Ce long exorde faisait peut-être présager une étude en forme sur le drame de M. Astruc. 11 n'en sera pas ainsi. La Marsiheso est un épisode de l'invasion de Charles-Quint en Provence. Acetitre, elle serait digne de figurer dans la série des patriotiques, dont nous parlions à propos de Fourès, et où l'on cherchera un jour l'esprit même de la seconde génération des félibres. Nous n'analyserons donc pas ce drame ; ce serait déflorer l'intrigue historique qui en fait le réel intérêt. Nous reprocherons seulement à M. Astruc son vers sans cha- leur et son dialogue sans harmonie. Nous ne sommes pas habitué non plus à la désarticulation (qu'il se permet si constamment), de l'hexamètre provençal. La langue des félibres est un idiome trop musical pour en user à son égard avec cette licence. Nous reconnaîtrons en terminant, car il faut être juste, que cette critique ne vise que certains morceaux et qu'il passe parfois dans ce drame un souffle de patriotisme qui rappelle le Wallenstein. C'est sur ce grand souvenir que nous inviterons nos lecteurs à faire connaissance avec le drame de M. Astruc. P A U L MARIBTON. FLEURS FELIBRESQUES, poésies provençales modernes mises en vers français par CONSTANT HENNION (avec les textes en regard), Aix-en-Provence, Guetian-Talamel. Prix: 5 francs. Ce livre est le complément obligé d'une bibliothèque littéraire, étant par-des- sus tout une admirable anthologie. Nous n'ajouterons rien aux appréciations de M. Moulin,—• rapport des fêtes de Sceaux. —Nous nous bornerons à regretter de ne pas voir figurer l'abbé J. Roux dans la série pourtant si complète des félibres mis en lumière. On n'a pas eu en France, depuis Emile Deschamps, de meilleur traducteur poète que M. C. Hennion. Il lui arrive parfois de dépasser la forme de son modèle tout en respectant son idée. Cette constatation de fidélité dans une œuvre d'art est un éloge qu'il est de notre devoir de ne pas négliger. UNE CIGALE AU SALON de 1883, par EMMANUEL DUCROS, pet. in-8 illustré. Paris, Baschet, 1883. P r i x : 3 fr. 50. Charmante, cette Cigale au Salon, mais nous la connaissons de vieille date.