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BIBLIOGRAPHIE 491 qu'inspiraient nos vainqueurs sans pitié, dix ou douze ans après l'instant qui les vit naître, sont un peu démodés, parce que c'était alors, au plus haut point, de l'actualité. Nous signalerons cependant parmi les meilleurs, les morceaux inti- tulés : le Césarisme, le Faux Patriotisme, les Deux Échecs, la Providence du roi de Prusse, Après le second siège de Paris. Il y a donc une grande variété dans ce livre, et c'est ce qui fait, qu'après l'avoir quitté, on le reprend avec charme. L'auteur l'a composé à diverses épo- ques de sa vie, et il a cessé de faire des vers avant que la muse ne l'ait quitté. On en jugera par la préface du livre que voici : J'ai cinquante ans, ma barbe est grise, Mon âge mûr tire à sa fin, Bit le printemps, qui me méprise, M'a renvoyé de son jardin. Je prends le congé qu'il me donne Et, sans trop me décourager, Je viens demander à l'automne Une place dans son verger. Puissé-je y trouver quelques rimes Pour orner le sens un peu dur Des proverbes et des maximes, Qui sont les chants de l'âge mûr. Ces rimes, il les a trouvées parfois si facilement qu'il semble qu'elles ne lui ont coûté aucun travail, ce qui est la bonne marque. Lorsque le lecteur sent l'effort, il n'en sait aucun gré au poète. On ne jouit guère d'un plaisir, lorsque l'on sait la peine qu'il a coûté à celui qui le donne. Sous une forme tantôt grave, tantôt badine, car il y en a pour tous les goûts, l'auteur justifie les dires de son pro- gramme, et enveloppe d'un rythme agréable les vérités qu'il énonce. Voyez plutôt la pièce intitulée : Les Réformes (p. 4). Bien que la mode en soit très répandue, Toute réforme est grosse d'un danger; Plus d'une fois la voûte s'est fendue Pour un pilier qu'on a voulu changer. L'ambition et surtout la misère Facilement se laissent entraîner. Elles diront : Vous n'étiez pas sincère . Où sont les biens que vous deviez donner ! A vos dépens vous saurez que la foule N'est pas toujours facile à manier; Le plus souvent, c'est une forte houle Qui fait sombrer navire et timonier. On peut fort bien sans rester immobile, Ne pas courir au galop comme un fou, Suivre son temps, c'est se montrer habile, Le dépasser, c'est se rompre le cou. Si la poursuite de l'argent est le but de l'ambition de ses contemporains, l'auteur estime que la possession des richesses emprunte une part de ses attraits à la satisfaction de l'amour-propre, et il crée à l'appui de cette thèse le char- mant apologue du Potier (p. 19), une des pièces les mieux réussies de son oeuvre. Dans ce genre de l'apologue, nous aurions beaucoup de morceaux à citer : La