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512                DU BIEN DANS i/ABSOLU

rend plus admirable, s'il est possible, plus merveilleuse, plus
héroïque, plus à jamais adorable l'existence de Dieu. Il a
bien fallu que ce fut lui qui, dans le sein môme de sa féli-
cité, ait voulu par amour d'autres êtres que lui ! Si le cœur
de l'homme eût été à la place de Dieu, évidemment jamais
la création n'aurait eu lieu; évidemment ce triste cœur au-
rait voulu ramasser et éternellement ramasser dans son centre
égoïste l'infini de la félicité; mais, évidemment aussi, jamais
il n'aurait été Dieu : cet effroyable égoïsme de l'être eût
desséché les extrémités pour dévorer le centre, l'amour se fût
éteint dans la substance, et l'horrible hypothèse du mani-
chéisme eût seul subsisté. Tout a commencé par l'absolu ; le
relatif serait à tout instant retombé dans le néant, il ne pou-
vait pas être l'origine de l'être.
    Mais quelle joie de penser qu'au sein de l'éternité une
force impérissable y conservera à jamais l'amour, et que nous
sommes sûrs, ô mon Dieu ! de le retrouver tout entier, tout
pur, tout éclatant, tout complet, tout parfait, tout à jamais
en vous. Que l'être soit infini, que l'être soit absolu, que
l'être soit l'amour , ô quelle joie ! Ah ! quand verrai - j e
l'Infini!... Terre! terre! laisse-moi, je voudrais retourner
vers celui que j'adore ; le fini ne fait que briser mon cœur...
Mais que dis-je? ah ! plutôt brise-le davantage, je ne dois
aimer que par la douleur, car je suis loin de ce que j'aime...
Et le crime de ma race, ce crime de mon sang ! Terre, garde-
moi encore dans les flammes ardentes de la pénitence et du
repentir. Devant tant d'amour mon ame ne peut plus com-
prendre le crime de l'homme ; j'en emporte une douleur et
une honte que rien n'effacera.... que le sang de l'Agneau,
lorsqu'il viendra le répandre sur moi pour que les traces de
son propre sang effacent les traces de mon crime !


                             La suite prochainement.