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438 DE QUELQUES TRAVAUX LITTÉRAIRES
Bollandistes ? Pourtant, qui s'occupe de rendre gloire à ces
illustres morts, sur les travaux desquels on vit, en y ajoutant
des systèmes et des théories humanitaires?
Ceux que séduisent aujourd'hui les études historiques se
sont noblement occupés, surtout loin de Paris, à mettre en
lumière les annales de nos diverses provinces, de nos villes,
de nos anciennes abbayes. Avant 89, l'Ordre de saint Benoît
avait donné le branle, qui fut arrêté par quelques années de
vertige et de destruction ; ils s'étaient, pour ainsi dire, partagé
le sol de la France, et l'on vit naître des Histoires particulières
qui font vivement regretter les labeurs interrompus. Claude
de Vie et Dom Vaissette publièrent YHistoire de Languedoc,
Dom Lobineau celle de Bretagne, Dom Félibien celle de Paris,
Dom Calmet celle de Lorraine, etc., sans compter les mono-
graphies qui apparaissaient çà et là pour servir plus tard Ã
l'œuvre générale.
Quoique des hommes isolés ne puissent avoir cet esprit de
suite, de famille, en quelque sorte, qui anime tout naturelle-
ment un Ordre religieux ; quoiqu'ils n'aient pas non plus le
temps ni le calme qui est requis pour de longues entreprises,
et que l'impatiente activité du siècle dévore par intervalle les
natures les plus recueillies, il s'est rencontré de nos jours des
travailleurs intrépides qui ont voulu renouer la tradition per-
due des grands volumes et des fortes publications. Ainsi, Ã
Moulins, un jeune homme, — mort, il est vrai, devant son
œuvre inachevée, [pendent opéra interrupta—, M. Achille
Allier entreprit courageusement une Histoire de l'Ancien
Bourbonnais, achevée par des amis, et ne formant pas moins
de trois volumes in-fol., qui ont dû réjouir, dans leur tombe,
les bons érudits du vieux temps. Le continuateur de ce livre,
M. Adolphe Michel, donne aujourd'hui V Ancienne Auvergne,
et si d'auires provinces n'arrivent pas avec la même facilité
aux honneurs de l'in-folio, du moins c'est une ardeur qui va