page suivante »
394 EXCURSION DANS LK MIDI. tombait en ruines lorsqu'on la releva en 1477. Un demi-siècle après elle fut renfermée, ainsi que la tour d'observation, dans le fort que François 1 " fil construire, fort très peu formidable, ayant pour ouvrages avancés des oratoires, et pour milice des confréries de pénitents. Tel qu'il est ce fort a un mérite, il altesle l'état de la science des Vauban de l'époque ; car le temps qui, depuis la monarchie de François 1 e r , a transformé tant de choses, semble avoir respecté cet édifice. "Vous le re- trouverez exactement ce qu'il était lors du voyage de Cha- pelle et de Bachaumont. Aujourd'hui encore : C'est Notre-Dame-de-la-Garde, Gouvernement commode et beau, A qui suffit, pour toute garde, Un suisse avec sa hallebarde Peint sur la porte du château. En approchant de la fameuse citadelle, je pensai lout d'a- bord à son plus célèbre gouverneur ; je veux dire à son gou- verneur le plus curieux et le plus divertissant, M. de Scuderi, l'un de ces hommes qui doivent leur immortalité à leurs ridicules et aux satyres de Boileau qui les a chantés. C'esl ce Scuderi qui écrivait un jour dans une préface de ses livres ce curieux colloque adressé au lecteur : « Tu couleras aisé- ment sur les faules que je n'ai point remarquées, si tu veux bien, apprendre que j'ai employé la plus grande partie de l'âge que j'ai, à voir la plus belle et la plus grande partie de l'Europe, et que j'ai passé plus d'années dans les armes que d'heures dans mon cabinet, et beaucoup plus usé de mèches en arquebuse qu'en chandelles ; de sorte que je sais mieux ranger les soldats que les paroles, et mieux carrer les ba- taillons que les phrases. » Un autre jour, déserteur de la république des lettres, il reniait Apollon en ces termes, pas mal insolents pour les écrivains et les poêles contemporains. C'esl au duc de Mont- morency qu'il adressait celle épîlre : « Je veux, lui disait-il,