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M0L1ERIANA. 365 la piété des sentiments qu'elle exprime, on la dirait emprun- tée à Corneille, lorsqu'il traduisait le livre de l'Imitation. II. Dans un de ses cahiers du mois de mars dernier, l'Artiste publiait du même auteur la pièce suivante, que les éditeurs de Molière ont tous laissée de côté, ou ignorée. Elle se trouve dans les Délices de la poésie galante, par Jean Ribon ; 1666, l r e partie, pag. 201. Souffrez qu'Amour cette nuit vous réveille, Par mes soupirs laissez-vous enflammer ; Vous dormez trop, adorable mortelle, Car c'est dormir que de ne point aimer. Ne craignez rien : dans l'amoureux empire Le mal n'est pas si grand que l'on le fait, Et lorsqu'on aime et que le cœur soupire, Son propre mal souvent le satisfait. Le mal d'aimer, c'est de le vouloir taire ; Pour l'éviter, parlez en ma faveur ; Amour le veut, n'en faites point mystère ; Mais vous tremblez et ce Dieu vous fait peur. Peut-on souffrir une plus douce peine, Peut-on subir une plus douce loi Qu'étant des cœurs l'unique souveraine Dessus le vôtre Amour agisse en roi ? Rendez-vous donc, ô divine Amarante, Soumettez-vous aux volontés d'Amour ; Aimez, pendant que vous êtes charmante, Car le temps passe et n'a pas de retour.