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322 MONOGRAPHIE HISTORIQUE Le maître des horizons, Guindrand, a fait serpenter les eaux argentées de l'Ain dans leur immense et verte vallée ; il a rendu avec la manière qui le distingue quelques vues riveraines du Rhône. De nombreuses et bonnes éludes par Blanchard, Hoslein et Fonville, sur les bords de l'Albarine principalement, ont contribué à leurs succès d'exposition. Terminons celle énuméralion de paysagistes par Hippolyte Leymarie, celle belle intelligence qu'une mort prématurée vient d'éteindre. Il élait archéologue et naturaliste, aussi bon écrivain qu'artiste habile. Lyonnais et sorti de cette école lyonnaise qui, depuis Boissieu et Grobon, a produit des peintres distingués , élève de Guindrand, Leymarie avait choisi pour sa seconde patrie la vallée de Saint-Rambert. Il en avait étudié el compris les beautés avec un sentiment intime; lui seul a traduit sur la toile les demi-teintes cré- pusculaires et vaporeuses de cette fraîche vallée, lorsque le soleil couchant éclaire de ses rayons orangés les crêtes de ses montagnes. Il excellait à peindre dans les seconds plans les rochers massifs qui sont au front des montagnes, les ombres qu'ils projettent, leurs fissures, leur maigre vé- gétation. Il dessinait d'une main savante les édifices an- ciens el les monuments du moyen-âge, avec verve leur or- nementation, avec goût les fabriques, les vieilles ruines re- vêtues de lierres ; et, joignant le savoir de l'antiquaire au ta- lent de l'artiste, il désignait l'époque de l'édifice ruiné par l'addition d'une baie délabrée ou d'un débris caractéristique. Pendant dix ans, Leymarie a vécu à Saint-Rambert dans moyen d'une large et savante exécution, provoque une double admiration. Laberge était doué de ce mérite de perfection à un point prodigieux. Il n'a pas joui de toute sa gloire. Comme il arrive malheureusement quelquefois, plie n'a brillé qu'après sa mort, survenue, il est vrai, dans sa jeunesse.