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EXCURSION DANS LE MIDI. 261
avait la garde des portes que l'on fermait la nuit et dont
on n'obtenait l'ouverture qu'avec un permis du commandant.
Le Consulat avait, pour sa garde et pour celle de l'hôtel-de
ville, une compagnie d'arquebusiers de 2OO hommes. Il avait,
eu outre, une compaguie de 50 hommes de guet à pied et de
60 hommes à cheval.
Enfin, Lyon avait une milice bourgeoise très nombreuse et
qui constituait la grande force militaire de la ville ( l ) .
Au lieu de ces garanties politiques et de ces privilèges com-
munaux, Marseille s'était vue presqu'en m ê m e temps placée
sous la protection menaçante de deux forteresses et dépouil-
lée de ses antiques franchises. Aussi le duc de Villars, qui
commandait la ville, ayant demandé un jour à l'un des m e m -
bres les plus influents du corps municipal, pourquoi Mar-
seille ne faisait pas graver sur l'un de ses monuments publics
quelque inscription comme celle de la porte de Vaise, Ã
Lyon :
V» DIEV, VN ROY
VNE FOY, VNE LOY.
— Monseigneur, répondit le notable marseillais, priez le
roi Louis XV de commencer par effacer l'inscription placée
par Louis XIV sur le fort Saint Nicolas, et nous verrons après
cela ce que nous aurons à faire.
Ainsi donc, Marseille accueillit avec enthousiasme la révo-
lution que Lyon combattit de toutes ses forces. Mais en cela les
Marseillais obéirent moins à des sympathies politiques bien
vives qu'Ã un secret ressentiment du mauvais tour que Louis
XIV s'était avisé de jouer à leur ville en lui envoyant, au lieu
des eaux de la Durance qu'il lui avait promises pour élancher
sa soif de J o b , une citadelle avec cinquante canons braqués
sur elle.
Plus tard, eu 1814, les Marseillais saluèrent avec les m ê -
(1) Voir les Almauaclis de Lyou édiles par Aimé Delaroche el d'aulres
publications du temps.