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ET ADËODAT FAIVRE. 181 bien apprécier un homme qui a gardé jusqu'à la fin une ex- trême pétulance d'esprit et une vivacité fougueuse, que pou- vaient mal interpréter peut-être ceux qui ne le connaissaient pas à fond, car cette ardeur était tout extérieure et ne faisait pas tache sur l'excellence de famé. Voici donc ce que M. Faivre mandait de Lyon, le 17 avril 1844, à sa fille Hospita- lière : « Ma chère Symphorose, « Cette date du 17 avril est pour moi remarquable; elle est le complément de mes 76 années. Dès demain je com- mence mes 77 ans. J'ai été sur le point de m'arrêter là ; mais celui qui a compté mes jours a seulement voulu m'a- vertir que le moment de ma délivrance ne tarderait pas, et que ma résurrection serait proche. Plût à Dieu qu'elle fût glo- rieuse! car, ma fille, la mort n'est autre chose que la résur- rection d'une ame enfouie dans un corps de boue. Eh ! bien, je mettrai à profit cette sommation qui m'a été donnée. Ne crois pas qu'elle m'inquiète. Non, je le dis sincèrement : Lcetatus mm, etc. Je me réjouis de l'avis qui m'a été donné; j'irai dans la maison du Seigneur. Car quel lien pourrait ici m'attacher? Pendant tant d'années, je n'ai éprouvé que pei- nes, tribulations, déceptions. J'ai couru, comme tant d'au- tres, après des phantômes {sic), et je n'ai jamais saisi que des ombres. Je n'ai goûté de bonheur que celui que m'ont donné mes enfants, tant morts que vivants; c'est la seule consolation que j'aie reçue sur la terre. J'irai rejoindre les uns et j'at- tendrai paisiblement les autres. Crois-moi, j'espère partir d'ici- bas comme un oiseau qui s'échappe de sa cage. Ce que je viens de te dire, ma chère Symphorose, n'est qu'un préserva- tif contre la tristesse que pourrait t'occasionner la réalité de la menace qui m'a été faite. Que dis-je? de la menace ; disons du bienveillant avis qui m'a été donné. Conserve ma lettre ;