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154 EXCURSION DANS LE MIDI. plus que quatre qui s'appuient sur la rive gauche du Rhône. Ce pont n'était pas construit en ligne droite, el chacune de ses pxtrémités était terminée par une tour. C'est qu'une pen" sée de guerre ou de révolte présidait à tous les édifices construits dans la ville d'Avignon et sous ses murs, aussi bien les ponts que les palais et les palais que les églises dont on voit encore les clochers couronnés de mâchicoulis et de cré- neaux. En ces temps-là , les cloches bénies, au nom d'un dieu d'amour et de paix, sonnaient aussi souvent l'heure des h o - micides combats que l'heure de la prière. C'est ce que nous a confirmé Lefranc de Pompignan, dans des vers assez mau- vais, il faut leur rendre cette justice : Vers celte rive, sur un roc Est la cité papale, Que, sous la clef pontificale, Les gens de soulage et de froc Défendraient fort bien dans un choc(1). Un pont suspendu, placé en axe de la porte de l'Oulle, a remplacé le pont gothique. C'est sur ce nouveau pont, d'une construction élégante, que nous avons passé le fleuve qui se partage ici en deux branches : celle sur la rive gauche a le double inconvénient de cesser d'être navigable, pour peu que les eaux baissent, et de contraindre la navigation de s'é- loigner d'Avignon où elle aurait cependant le plus grand in- térêt à aborder. La navigation rencontre en outre sur la rive droite, des entraves causées par les matériaux d'une ancienne construction et par le maintien d'un pont en bois. Les tra- vaux à exécuter sur ce point pour assurer en tout temps, au bras de la rive gauche, le volume d'eau nécessaire, sont de la plus grande urgence. Les Conseilsgénérauxde plusieurs dépar- tements riverains, les Chambres de commerce de Lyon, de Sl-Eiienne, d'Avignon de Beaucaire, de Marseille ; la Commis- sion spéciale, instituée à Lyon au mois de janvier 1844 pour (1) Voyage de Languedoc el de Viovence, parLefranc de Pompignan,en 1740.