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                                 NÉCROLOGIE.                                  87

 les journées ils passaient tousaux bords des calmes étangsdeLavorre
ou dans les ruines du château de Châtillon-d'Azergues, accroupis au
soleil comme des lézards, ou occupés à croquer quelques-unes des
masures moussues et branlantes adossées an vieux castel ! Leymarie
no voyait pas la nature seulement avec les yeux du peintre, mais avec
ceux de l'observateur, avec ceux du poète. Tout devenait pour lui
spectacle, et ses chers auteurs lui fournissaient pour chaque chose
de nombreuses citations. Sa mémoire n'était jamais en défaut, et
c'était vraiment plaisir que de suivre sa fantaisie sérieuse et badine
tour à tour, son esprit grave et charmant tout à la fois. De l'ins-
truction sans pédantisme, de la finesse sans méchanceté, de la cri-
tique générale sans toucher aux personnes : voilà ce que l'on ren-
contrait dans sa causerie. Aussi, comme les souvenirs évoqués se pa-
raient de charme et de piquants déiails sur ses lèvres ainsi que sous
sa plume ! Qu'on relise les premières pages qu'il écrivit en 1833,
à notre sollicitation, pour notre premier livre : Lyon vu de Four-
vière (1)! comme il aimait et comprenait notre vieux Lyon, dans ce
chapitre plein d'humour, intitulé : Lyon au XV et au XVIe siècle!
Que de grâce et de sentiment dans cette description de Y Ile de Ro-
binson aux Brotteaux, description qu'il fit pour accompagner le des-
sin à l'eau forte d'un de ses amis, M. Souchon, mort tout jeune
aussi ! Nous citerons une partie de cette courte notice où revit pour
nous Leymarie :

    « Il y a quelques années, des soins assidus avaient paré les bords de l'îlot
 d'une végétation pleine de luxe. Des lits et des dômes de verdure tout autour
de l'eau existaient déjà, ainsi que de magnifiques touffes de joncs et de roseaux
qui se reflétaient dans l'ombre. Des treilles de vigne et d'aeeacias grimpèrent
jusqu'au dessus des toits de l'auberge, pour couvrir les amants et les buveurs ;
des bouquets d'aubépines et de rosiers les défendirent des indiscrets par des
haies formidables, et laissèrent flotter autour d'eux les parfums d'un printemps
éternel. Bientôt s'y joignirent d'autres plantes qui aiment à courir de branche
en branche, de fenêtre en fenêtre. La capucine, les pois musqués, le liscium,


   (i) Lyon vu de Fourvière a de cet artiste deux lithographies représentant
les intérieurs de deux maisons de la rue St-Jean qui portent les numéros 11
et 53.