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84 SOCIÉTÉ DES AMIS-DES-ARTS. de taureaux, plus de mouvement et d'animation que dans ses œuvres précédentes. C'est toujours le peintre exact de notre paysage locale ; il en rend les lignes et la physionomie avec une consciencieuse fidélité. La couleur seule présenterait peut-être quelque prise à la critique. Pourquoi M. Duclaux, qui fait l'eau forle comme les maîtres d'autrefois, Paul Polter et Desjardins, n'expose-t-il pas quelques-unes de ses plan- ches d'animaux ? Nous ne prétendons point nier le succès du tableau de M. Saint-Jean, ni faire douter du mérite incontestable de cet ouvrage plein d'excellentes qualités, mais nous voulons lui dire que, malgré le goût exquis qu'il déploie dans l'arrange- ment de ses fleurs et de ses fruits, il ne s'est pas assez préoc- cupé de l'effet général ; sa composition ne se masse pas; à dix pas, l'œil n'est attiré que par une large tache blanche produite par un raisin,un pavot, une orange pelée, à peu près du même ton ; que si l'on se rapproche, on n'a pas assez d'éloges pour des détails de tiges de feuilles, et surtout pour un bouquet de framboises plus modeste et plus vrai de couleur et d'effet que le reste. Quel ton étincelant dans ces raisins 1 quel éclat ra- dieux s'étend sur ces fruits, sur ces feuilles ! comme tout cela porte l'empreinte de cette opulence de couleur dont l'artiste ne sait en vérité que faire ! c'est d'un prestige magique ; c'est plus beau que nature. Un peu moins beau, ce serait parfait. Rien à dire de la Folle de M. Jacquand, sinon qu'elle est d'une médiocrité déplorable. Cet artiste nous traite un peu trop en grand-seigneur, en nous envoyant ses rebuts. Pour clore notre examen du salon, il nous reste à dire un mot de la sculpture dont les produits sont peu nom- breux cette année ; nous avons de M. Foyatier sa jeune Faune, dont la pose est gracieuse et naturelle; mais les extrémités sont d'un modèle commun ; le travail des chairs aurait voulu