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                   EXCURSION DANS LE MIDI.                      57
 légitimera toute heure devant l'opinion publique et la cons-
 cience de tous. Les Montbrisonnais entendent-ils faire du droit
 un autre dieu Terme, une b o r n e ? Ce droit-là pourrait être
parfaitement chinois; mais nous vivons en France, soyons
français autant que possible.
    Cependant, et pour être juste vis-à-vis de tout le monde, il
 faut dire que ceux qui ont les plus grands torts, entre les gens
de Monlbrison et les gens de St-Etienne, ce ne sont pas les
Monlbrisonnais qui se remuent beaucoup pour défendre ce
qu'ils croient être dans les intérêts particuliers de leur ville,
mais les Sléphanois qui ne disent rien, qui ne font rien de ce
qu'il faudrait dire et faire pour le triomphe de leurs droits, et
des besoins impérieux de l'arrondissement le plus important
de la Loire. La triste cause de tout ceci, c'est que St-Elienne
est une ville menée p a r l e s petites passions locales, bien plu-
tôt que par les grandes pensées d'intérêt public. A St-Etienne,
depuis plus de dix ans, il y a émeute permanente de rivalités
et de vanités personnelles. Les disputes, voilà la grande affaire ;
à cette affaire-là on sacrifie toutes les antres. Mais pendant
que les Stéphanois se querellent les voisins agissent. C'est la
fable en action :

           Tandis que coup de poing trottaient...

"Vous savez la moralité. La seule chose ici qui diffère, c'est
l'objet en litige, sans compter, bien entendu, les personnages
de la fable. Au surplus ces luttes ardentes entre les deux rives
d'un fleuve, pour un rail-way, entre deux villes pour le siège
de l'adminislration, on les retrouve ailleurs à propos de tout
autre chose ; aujourd'hui de tous côtés l'antagonisme déborde,
c'est partout la guerre, la guerre réduile à des proportions in-
fimes et vulgaires, comme l'individualisme qui en est la pen-
sée et la cause : guerres de tronçons, guerres de clochers,
guerres de fossés, guerres de sucre, guerres de betteraves,
guerres de portefeuilles et d'emplois, guerres de tribunes,
guerres de journaux, guerres de boutiques , voilà notre épo