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606                      LA REVUE LYONNAISE
   Aujourd'hui encore, après le naufrage sans gloire de la prétendue Eglise
nationale et de sa Constitution civile, le jansénisme n'est pas entièrement mort,
comme on pourrait le croire. Quelques épaves ont pu échapper aux flots des révo-
lutions et parvenir jusqu'à nous.
   Il existe encore à Paris plus de deux mille jansénistes ayant une direction et une
organisation, possédant même une bibliothèque secrète à la rue Le Clerc. Toutes
les années, le jour anniversaire de la destruction de Port-Royal, on les voit se
former en pèlerinage, et, comme les Juifs, venir pleurer sur les ruines de ce qui
fut pour eux un temple et un berceau.




                     PUBLICATIONS FÉLIBRÉENNES

      LA. MA.RSIHESO, par Loois ÂSTRUC, drame provençal en trois actes et en vers.
                       — Avignon, Roumanille. Prix : 2 fr. 50.

    On aurait tort de croire qu'en dehors de la glorieuse pléiade d'Avignon qui a
fondé et maintenu le félibrige, la renaissance provençale n'a pas trouvé de
représentants sérieux, dans la dernière génération. Nous avons fait connaître
M. Auguste Fourès aux lecteurs de la Revue Lyonnaise, nous avons eu maintes
fois l'occasion de parler de M. Félix Gras, il serait bon d'insister quelque jour sur
d'autres jeunes félibres,la nouvelle Ecole, des efforts de quidépendral'avenirde la
Cause. Nous citerons comme au hasard, MM. Alb. Àrnavielle, Maurice Faure,
L. Astruc et Jean Monné et parmi les derniers venus, le P. Xavier de Four-
vière, un prémontré de Frigolet, M ile A. Brémond, MM. Auguste Marin et
 Valère Bernard. Parmi ces jeunes talents d'inégale valeur et qui ont le tort
 commun de laisser aux anciens la prose, — comme s'ils n'avaient pas à doter leur
 littérature naissante (ou renaissante, comme on voudra) de romans, d'histoires locales
 et de récita populaires, — on remarque une certaine hésitation de forme qui donne
 à redouter un affaiblissement de sève provençale. Doit-on l'attribuer à un manque
 de foi ou à un défaut d'originalité ? Nous n'osons nous prononcer. Toujours est-
 il que les premières formules elles-mêmes de la poésie des félibres ne sauraient
  être usées après trente ans, et que la richesse de la langue suppléerait seule, au
  besoin, aune éclipse totale d'inspirations.
     Le félibrige, s'il veut vivre, doit s'appuyer sur la tradition et cette tradition
  est toute de naturalisme. Ses jeunes représentants se tiennent, en général, trop
  loin des vrais milieux populaires, n'étudient pas assez les vieux auteurs du cru,
  que ne dédaignaient point cependant leurs prédécesseurs quand ils auraient pu
  s'en passer, ne s'abreuvent pas aux sources naturelles, ne savent enfin ni écouter
  ni observer assez autour d'eux.
     Disons, avant d'aller plus loin, qu'aucune de nos observations ne vise l'ensemble
  de l'école ; elle est heureusement nombreuse et variée. Nous signalerons donc cer-
  tain groupe qu'un sentiment présomptueux, qui dérive parfois d'une immodération
  de politique, éloigne tout particulièrement du respect de la tradition. Ou s'il la
   recherche, la tradition, c'est pour en tirer un système plus ou moins historique,