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                                   FELIBRIGE                                  579




              RAPPORT'DE M. MARTIAL MOULIN

          Messieurs et chers Confrères,
   La Société des Félibres de Paris a décidé que, cette année, en dehors des prix
accordés aux concurrents des Jeux Floraux, et à titre tout à fait exceptionnel,
il pourrait être décerné hors concours des prix spéciaux à des œuvres de félibres,
récemment publiées ou sur le point de l'être, qui seraient jugées dignes d'être
récompensées, tant au point de vue des services qu'elles sont appelées à rendre
à la cause félibresque, que pour leur valeur littéraire.
   Divers ouvrages ont été soumis à l'examen de la commission instituée à cet
effet :
                  FLEURS   F É L I B E E S Q U B S , PAR M. 0 .   HENNION


   M. Constant Hennion est un poète français, qui s'est épris d'une belle passion
pour les chefs-d'œuvre de notre littérature méridionale et qui voudrait faire
partager à tous son amour.
   La langue des félibres n'est en usage que dans une partie de la France, et
encore, dans les pays où elle en usage, certaines classes de la société se figurent
faire preuve de haut goût en la dédaignant. De plus, elle se divise en une
grande variété de dialectes. En sorte que les trois quarts et demi des Fran-
çais, soit parce qu'ils ignorent la langue, soit par indifférence, ne connaissent
que bien imparfaitement notre poésie méridionale.
   Pour que l'oeuvre des Félibres devienne populaire, il ne suffit pas qu'elle
soit publiée, même avec une traduction en prose, il faut qu'elle soit traduite en
vers et traduite par un poète. Telle pièce qui tire une partie de ses beautés de
la savante disposition des vers, du rythme, de la cadence, de la sonorité des
expressions, de l'heureux choix des rimes, perd considérablement à être traduite
 en prose, tout le monde sait cela. M. Hennion, qui est un poète, le sait mieux
que personne, et il n'a pas hésité sur le choix de la forme à donner à son oeuvre.
    Le livre intitulé Fleurs Félibresquès est un recueil de poésies en langue
 d'Oc, traduites en vers français, par M. Constant Hennion. Au verso de chaque
 page se trouve l'original, et au recto, en regard, on lit la traduction française.
 Un grand nombre de petits chefs-d'œuvre qui étaient éparpillés dans une foule
 de publications différentes se trouvent réunis dans cette anthologie ; soixante-
 quinze félibres y sont représentés.
    Le traducteur donne toujours le même rythme que celui de l'original. Il
 traduit littéralement chaque fois que c'est possible. Quand il rencontre des
 expressions intraduisibles il les rend par des mots équivalents de la langue
 française ; et, si la traduction mot à mot n'est pas rigoureusement exacte, on
 peut dire que le sens général de chaque pièce est toujours fidèlement reproduit.
 Parfois on retrouve dans la phrase française la sonorité de la langue provenu
  cale. Le traducteur s'élève souvent à la hauteur de son modèle, et nous ajoutons
  même qu'il lui est arrivé de le dépasser.