page suivante »
554 LA REVUE LYONNAISE doit-on pas reconnaître que dans les maisons d'éducation sagement dirigées, on a vu jadis le trouble et le désordre intérieurs dé- passer rarement le mécontentement provoqué par une alimentation trop exclusivement monotone, ou motivés par une antipathie plus ou moins justifiée contre un surveillant souffre-douleur de cet âge sans pitié, et dont la qualification s'est perpétuée de géné- ration en génération. A vrai dire, l'espièglerie mutine avait plus de part dans ces désordres que la préméditation méchante. Combien de professeurs de collèges du temps passé pourraient être cités pour certains actes d'autorité qui, de nos jours, auraient donné lieu à de véritables insurrections et qui n'ont laissé qu'un souvenir d'incidents scolaires que l'esprit français accueillait par des quolibets, et que l'insouciance et la bonne humeur de la jeunesse faisait considérer comme des diversions joyeuses à la monotonie d'une classe trog longuement sérieuse. Eh bien ! pour expliquer l'émancipation scolaire comme l'éman- cipation sociale, serai-je taxé d'exagération, en signalant des mœurs altérées par celte littérature dissolvante publiée à ciel ouvert, offerte auxlecteurs de toutâge, de tout sexe, de toute con- dition? N'y a-t-il pas plus d'extension d'une liberté qui, en vertu du prétendu droit de l'homme même de l'écolier, laisse à ceux qu'on affecte de nommer de jeunes citoyens moins de gêne pour introduire au milieu d'eux les publications les plus hardies et plus de facilité pour revendiquer la suppression d'une partie de l'enseignement traditionnel ou l'exclusion de maîtres supposés ennemis d'un esprit nouveau dans l'éducation ? Ces prétentions ont certainement leur origine dans la licence que sait usurper cette partie de la jeunesse française dite la jeunesse studieuse. L'inva- sion de tout livre, de tout journal dans l'intérieur du collège n'est pas plus douteuse que le goût, universel aujourd'hui, de s'in- struire par les enseignements de la presse périodique. Comment d'ailleurs résister à l'indépendance et aux exigences de la jeunesse devenues un progrès ?